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                           BIBLIOGRAPHIE.                       103

  Le Banquet de Màeon est un hommage rendu à un grand
homme de bien et de génie dont le respect et l'estime publics
environnent la digne et laborieuse vieillesse. Le sujet a inspiré
M. Simonnet. De beaux vers célèbrent ce bel âge de vingt ans
où l'âme, dit le poète,

          S'épanouit au monde avec le regard dJEve,
          S'éveillant dans l'Eden sous le baiser d'Adam !

   Le Bêve du tisseur est une bonne pensée. Signalons quelques
vers A deux Sœurs, pièce excessivement gracieuse , avec une
teinte douce d'attendrissement et de mélancolie. La riposte aux
Instdteurs de Béranger prouve que le vers de M. Maurice Simonnet
peut au besoin lutter avec vigueur pour une bonne cause. Nous
aurions voulu , nous l'avons dit, ne pas lui voir aborder certains
sujets ; approuvons et admirons , mais ne flattons pas. M. Si-
monnet a d'ailleurs mal réussi, littérairement parlant, dans les
pièces dont nous parlons et nous l'en félicitons. Il est tout simple
que l'encensoir se disloque dans une main loyale et qu'une âme
droite soit inhabile au rôle de thuriféraire.
   La forme poétique de M. Simonnet varie d'ailleurs remarqua-
blement selon le sujet qu'il traite. Lorsque le poète entre dans
un ordre d'idées élevées et généreuses, son vers est franc, noble,
et empreint d'une ampleur magistrale ; rien de banal, plus de
souvenirs d'école , la pensée se moule exactement au vers , la
forme est vraie , chaleureuse ; le style est un , complet, entier
d'un bout à l'autre du poème. Mais quand le sujet abordé tombe
dans la banalité, le style y rentre aussi et M. Simonnet lutte en
vain contre l'influence pernicieuse d'une thèse anti-poétique.
C'est ainsi qu'ayant entrepris un Dithyrambe à la Guerre, il s'ou-
blie jusqu'à parler de YOttoman rivage , des boréales nations ,
des cohortes belliqueuses, de l'olivier pacifique, des grondeurs au-
tans, des béants sabords qui ricanent. Il représente Nachimoff
s'envolant comme un tigre repu. Depuis quand les tigres, et sur-
tout les tigres repus, ont-ils des ailes ? Ce n'est pas que je pré-
fère : « ils volent comme'un vent. » Un me semble un peu spé-
cialisé, La guerre n'a pas inspiré le poète ; les vers sont rude»