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UN MARTYR AU XVIIe SIÈCLE. 507 2 Que Luther et Caluin auoient commencé une Religion fausse et pire que le diable et qu'ils estoient damnés, etc. 3 Qu'il ne vouloit point reconnoistre la Seigneurie de Berne pour souuerame. 4 Qu'il avoit injurié la lustice , la blasmant de l'avoir empri- sonné iniquement, et pour auoir dit la vérité. 11 nia absolument le premier point : il aduoùa et confirma le second et le quatriesme, et, pour le troisiesme, il dit, qu'il ne reconnoissoit point la Seigneurie de Berne, en matière de reli- gion. Le premier ministre du lieu l'ayant à l'heure voulu exhorter de se retracter et demander pardon , sur l'asseurance d'estre mis à l'instant en liberté, il le refusa constamment, disant, qu'il ai- moit mieux mourir que de se retracter de la vérité. Le jour de S. Michel, il fut conduit de la Tour appelée du Puy, accompagné de trois Ministres, qui se tourmentèrent inutile- ment à le peruertir, jusques au Tribunal de la place publique qu'ils appellent la Banche, où son procès et sentence de mort fut lu, en présence d'une grande affluence de peuple, tant Hé- rétiques que Catholiques estrangers , qui ouïrent que les causes de sa condamnation estaient les susdits quatre points, dont il es- toit trop chargé, à la lecture du premier desquels il cria à haute voix que cela estoit faux, qu'il n'avoit jamais proféré telles pa- roles, qu'aussi n'estoient-elles pas prouvées. En effect, il est certain que personne n'a porté ce faux témoi- gnage que le Geneuois qui l'attaqua le premier, ce que plusieurs hérétiques mesmes ont publié, et qu'il avoit seulement dit, que si on le connoissoit on ne le traitteroit pas de la sorte, parce qu'il estoit prestre. La sentence estant leuë, comme par humble acceptation il in- clina la teste , puis joignant les mains il les releva regardant amoureusement le Ciel, et ayant librement donné les mains pour estre liées, il demanda par où il falloit sortir, puis mar- chant fort hardiment, avec une gravité modeste, un visage et maintien sans appréhension, il alloit constamment résistant aux attaques des ministres , lesquels il supplia, arriuant au lieu du