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W2 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. seignemenls exacts sur les armements que faisaient les Turcs en vue de reprendre les hostilités contre l'Autriche. La mission de M. "d'Aramonl suivait son cours avec les plus belles chances de succès, et ce diplomate était en voie d'obtenir que la flotte ottomane fît une démonstration sur les côtes d'Italie lorsqu'il reçut des dépèches de France lui an- nonçant la mort de François I er survenue le 3 mars 1547. Cet événement imposa d'abord un temps d'arrêt aux affaires, mais d'Aramonl, se rendant bientôt compte de la situation qui devait contraindre le nouveau roi à continuer la politique de son prédécesseur, reprit les négociations sur le môme pied et, avant même d'avoir reçu les nouveaux ordres de sa cour, se fit donner par le gouvernement turc la promesse d'un concours actif et dévoué. Telle était la situation des affaires à cette époque que la puissance ottomane se montrait le plus ferme soutien de la monarchie française et présentait le seul obstacle qu'il nous fût possible d'opposer à Charles-Quint ; alliance sublime de deux peuples qui, placés aux extrémités orientale et occiden- tale de l'Europe, n'avaient rien à redouter l'un de l'autre el se rendaient de mutuels services dans cette lutte acharnée contre un ennemi commun. Celle alliance était l'œuvre de François 1er, auquel cependant bien peu d'historiens ont rendu justice. Ce prince avait trouvé la France dénuée de soldats et d'argent, s'était vu lui-même délaissé par tous les princes chrétiens, vaincu, prisonnier et sur le point d'être dépouillé de ses Etats, mais seul il n'avait pas désespéré de l'avenir de son pays el avait puisé dans son génie l'inspiration de celte alliance ottomane qui sauva la France et qui, trois siècles plus lard, devait sauver l'empire du sultan. N'est-il pas permis de dire que la dette qu'avait alors contractée la France se paie aujourd'hui ? E. D'ESCHAVANNES.