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-150 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. mois de juin à faire acte de présence hostile sur les cotes de Naples. La ville de Reggio succomba la première, et, malgré les plus vives instances, Polin ne réussit pas à lui épargner les horreurs de l'incendie. Tout ce qu'il fut possible d'obte- nir de Barberousse, se réduisit à une capitulation accordée au gouverneur espagnol dont la fille alla peupler le harem du vainqueur. De là , on se présenta devant Oslie. Les sujels du pape étaient si effrayés de voir les Ottomans sur leur terri- toire, qu'ils se disposaient déjà à abandonner les villes et à se réfugier dans les montagnes, lorsque Polin les rassura par la lettre suivante écrite au légat Rodolphe : « L'armée marine que Soliman envoyé pour la déffense de la France, sous la con- duite de Barberousse, a charge de m'obeyr de telle sorte qu'elle ne nuyra à nul qu'a noz ennemis, par quoy faictes publier aux Romains et à tous autres habitants l'Orée de la seigneurie papale qu'ils ne craignent rien d'ennemi de nous, car jamais les Turcs n'enfreindroient la foi que leur soudan ma donnée très-manifestement, et tentez aussi pour certain que te roy de France n'a rien de plus cher que voir l'éclat de Rome non seulement sain et sauf, mais encore très flo- rissant et pour tout déffendu contre toute injure des impié- teux. » La terreur s'apaisa devant cette déclaration et fit place à une confiance telle que les habitants accouraient a bord des navires pour vendre leurs denrées que du reste on avait grand soin de payer scrupuleusement Enfin, vers les premiers jours de juillet la flotte vint mouiller devant Marseille dont la population subissait le dé- couragement général amené par les mauvaises nouvelles d'Allemagne. On se demandait si ce secours n'était pas trop tardif et s'il n'allait pas ajouter de nouvelles difficultés à une situation déjà fort critique. Assigner un emploi utile aux forces ottomanes devenait impossible en ce moment par suUe de la concentration, sur un autre point, des préoccupations