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SUR LE DIOCÈSE DE LYON. 361 esi vrai, mais moins en conséquence d'une mesure systéma- tique des Romains pour dénationaliser la Gaule, que par suite de la marche naturelle des choses. La circonstance qui con- tribua le plus peut-être à faire disparaître la trace des peu- ples gaulois, ce fui l'imposition de nouveaux noms aux villes de la Gaule : or ces changements doivent être attribués bien plutôt à la courlisanerie des vaincus qu'à un plan systémati- que des vainqueurs (1). C'est de la sorte que Bibracle, l'an- cienne capitale des Éduens du temps de César, porta le nom d'Auguste (Augustodunum), et l'imposa bientôt après au ter- ritoire ou, pour mieux dire, à la cité des Éduens. Quoi qu'il en soit, il est aujourd'hui bien difficile de déter- miner exactement l'emplacement qu'occupaient les anciennes nations gauloises. Ainsi, dans la Première Lyonnaise, nous voyons bien représentés les Éduens, les Lingons et les Ségu- siaves, encore ces derniers ne sont-ils pas nommés expressé- ment ; mais que sont devenus les Ambarri, les Ambivareti, les Aulerci Brannovices, les Brannovii, les Bon, leslnsubres, les Mandubii, que les anciens auteurs (2) disent avoir fait (1) Hélas ! il ne nous sied guère , à nous autres Français, qui changeons tous les jours , par esprit de servilisme , les noms des villes de nos colonies et de la France elle-même pour leur imposer ceux de nos princes, de repro- cher aux Romains leur prétendu esprit de dénationalisation. Qui voudra bien étudier sans prévention l'histoire de la domination romaine recon- naîtra qu'il n'y en eut jamais d'aussi peu tracassière. Si l'on excepte la per- sécution bien excusable des Druides, les Romains ne gênèrent en rien les habitants du pays, et, en échange d'un peu d'or, leur donnèrent la civilisa- tion , ce bien qui ne saurait être payé trop cher. Pour mon compte, je ne mets pas en balance ce que la Gaule perdit et ce qu'elle gagna à la conquête : le bilan est tout en sa faveur. (2) Les Insubrcs sont mentionnés par Tite Live (V, 34), qui donne à leur pays le titre de pagus Heduomm. Quant aux autres noms cités ici, ils sont tirés des Commentaires de César (I, 11 et 2 8 , et VII, 68 et 75), qui donne à tous ces peuples, le dernier excepté, le titre de clients des Eduens.