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'MO                       BIBLIOGRAPHIE.
   Régine qui ferme cet écrin poétique, est un ouvrage sérieux
et savant, largement conçu et largement exécuté. Comme toutes
les figures de femmes qu'a idéalisées l'auteur, Régine est une
jeune fille de grand et noble caractère, autour de laquelle vien-
nent se grouper d'autres personnages essentiellement caractéris-
tiques, et dont plusieurs, fort reconnaissables sous le masque
comique, prennent part au grand événement de mars 1815, la
rentrée de l'Empereur en France. Dans ce drame vigoureux , la
vile intrigue et la basse ambition sont flétries de main de maî-
tre, et mises, avec un relief merveilleux, en lutte avec les nobles
passions de l'humanité. Le meilleur sel comique fait souvent
diversion à la gravité du sujet, et le lecteur prend un vif plaisir
à ces deux figures du duc d'Arlande et du prince d'Alban, sous
la transparente allégorie desquels il reconnaît, sans peine, deux
célèbres réalités, Talleyrand et Fouché ! Le vers est plein,
 sonore, coulé dans un moule sévère. Il ressemble à ceux que
 nous allons citer, comme empruntant aux événements un émou-
 vant intérêt d'actualité , et qui sont pourtant antérieurs à ces
choses qu'une espèce d'intuition prophétique révélait au
poète.
   Rappelons-nous que ces paroles ont pour date 1815 :
        L'Europe ! elle voudrait cacher sous ces' grands mots
        De tyran, d'oppresseur, la gloire du héros.
        Vain espoir ! cette gloire éternelle et féconde,
        Rayonne sur la France, en étonnant le monde.

        Les rois ' oui, chacun d'eux en sa haine insensée,
        Ne songeant qu'à venger sa défaite passée,
        Surexcite son peuple, et lui met à la main
        Des armes qu'il voudra plus tard reprendre en vain.
        Les princes ont entr'eux un lien solidaire ;
        Jamais impunément ils ne se font la guerre.
        Et qui présentent-ils sous un aspect si noir ''.
        Un symbole vivant de force et de pouvoir ;
        Celui qui, dans la France appauvrie, abaissée ,
        Détrôna l'anarchie, ennoblit la pensée,
        Organisa les lois, releva les autels,
        Et fut alors pour tous, le plus grand des mortels.
        Les peuples, mais lui-même, il faut qu'on s'en souvienne,
        A fait marcher leur cause en grandissant la sienne.
        Quel autre osa passer sur chaque sommité
        Le niveau du mérite et de l'égalité ?