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322 BIBLIOGRAPHIE. Joignez-y le travail de la nature qui vient jeter ses magnificences sur ces pages de deuil, et parer de son éternelle jeunesse la poussière des empires ; la pensée qui s'en élève remplit le cœur d'un religieux respect, et ses mystérieuses harmonies satisfont l'esprit tout en l'attristant. Le livre charmant de M. Yemeniz se présente sous de bons auspices, en s'ouvrant par une étude de M. de Laprade sur le Génie de la Grèce ; aussi, en suivant en pensée le voyageur sur ces -vieux et éloquents débris, nous aimerons à retrouver sou- vent associés les impressions du narrateur et les sentiments du poète. La Grèce nous apparaît à l'aurore du monde historique, mais avec le front encore tout rayonnant de l'éclatante auréole des temps fabuleux qui s'évanouissent. Son Homère est le barde de sa jeunesse héroïque, mais ses chants sont tout pleins d'un passé merveilleux qui n'est pas encore très-éloigné du poète. C'est avec ce double prestige que la Grèce se lève à nos yeux ; et, comme l'a bien senti M. de Laprade, son véritable génie c'est la beauté ! c'est chez elle que s'épanouit le premier sourire de la poésie, jaillissant tout-à -coup de son sein comme la source d'Hippocrène. C'est à Homère que commence cette noble suite d'aveugles illuminés , ce long pèlerinage de la souffrance et du génie, qui s'en iront chanter à travers le monde les grandes destinées de l'humanité. Le génie romain sera plus tardif. Oc- cupée à vaincre et à gouverner, dans les rares moments de loisir que lui laisse la gloire, l'Italie écoute encore en silence, pieuse- ment agenouillée aux bords de ses deux mers, l'écho lointain qui lui arrive du Parnasse et du Pinde. Ce n'est que plus tard, en s'éveillant à ces suaves accents , qu'elle empruntera la lyre d'Ionie laissée par Homère, et qu'elle en renouera les cordes détendues pour achever de civiliser les fils de ces brigands, si dignement alaités par une louve. Nous avons vu tout récemment s'engager une lutte acharnée, à propos des études classiques. Quelques-uns ne tendaient à rien moins qu'à faire disparaître de l'enseignement les modèles