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                         LITTÉRATURE.                           319
fait connaître par des citations, c'est qu'il ne s'agissait pas de
rendre compte d'un ouvrage livré a l'impression, mais bien
de pressentir le jugement du public sur un livre qui n'a pas
vu le jour et qui peut-être, par suite de la modestie de son
auteur, ne le verra jamais. Indépendant par caractère et par
position, il m'a déclaré que ce n'était point dans le but de
flatter la puissance du jour qu'il avait choisi Napoléon pour
sujet de ses chants, mais uniquement parce qu'il regardait
cet homme comme réellement grand et comme ayant répandu
sur la France une gloire immortelle. Malheur au poète qui
monte sa lyre au diapason du vent qui souffle dans les hautes
régions politiques ! Il pourra jouir d'une faveur momentanée,
obtenir quelques distinctions personnelles, mais l'art véri-
table ne lui devra rien, car il n'aura obéi en écrivant qu'à de
misérables calculs d'intérêt ou d'ambition, et son œuvre por-
tera nécessairement quelque empreinte de cette espèce de
dégradation intellectuelle.
                                   ED. SERVAN DE SUGNY.

                             Membre de l'Académie et de la Société
                                      littéraire de Lyon.