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314                     LITTÉRATURE.
  Joséphine pleura de joie et d'espérance
  Au récit de l'enfant, à sa reconnaissance.
  Elle me ramena, palpitant dans sa main,
  Ce fils dont je devais aplanir le chemin.
  Moins belles sont les fleurs et moins fraîche l'aurore,
  Les roses de son front que la pudeur décore
  Répandent sur ses pas les parfums des amours ;
  Son port, sa voix, ses yeux rehaussent ses atours.
  A ce suave aspect, je sentis dans mon âme
  Un mouvement d'amour, une subite flamme.
  Si la voix de l'Etat à qui seul j'appartiens
  A pu de notre hymen dissoudre les liens,
  Je le dis hautement, ici je le proclame,
  Je n'ai jamais cessé de chérir cette femme.
  0 jours trop tôt passés! souvenir enchanteur!
  Joséphine pour moi fut l'Ange du bonheur.

   Voilà, certes, des vers d'une excellente facture, qui ex-
priment noblement des sentiments vrais et rendent bien une
circonstance importante de la vie de Napoléon.
   Le héros raconte ensuite sa campagne d'Italie, celle d'E-
gypte, son retour en France, le renversement du Directoire,
son consulat, son avènement à l'Empire, enfin toutes les
grandes choses qui ont honoré sa vie et étonné le monde.
   Il trace, en passant, le portrait de ses principaux lieute-
nants, et il y a là des coups de pinceau qui dénotent du ju-
gement et de l'habileté dans le poète. Voici, entre autres,
celui de Murât :
  Et toi, fougueux Murât, quel éclat t'environne?
  Quels destins, quels hasards t'ont donné la couronne?
  Le fils de l'artisan ceint du royal bandeau !
  Nul roi ne fut jamais ni plus fier ni plus beau;
  Formé pour la grandeur, jaloux de la parure,
  Murât paraît royal jusque dans sa figure.
  Les bataillons rompus, les carrés enfoncés,