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312 LITTÉRATURE.
Eut pour lit de douleur un antique tapis,
Où le futur héros, languissant et débile,
Poussa ses premiers cris sur l'image d'Achille.
La députation est introduite auprès de l'empereur, et, après
lui avoir adressé un discours de félicitation de la part du souve-
rain qui l'envoie, dépose k ses pieds le cimeterre de Tamerlan,
comme un témoignage de l'admiration du schah de Perse pour
ses exploits guerriers et un encouragement à en poursuivre le
cours. Napoléon reçoit avec bonheur cet inestimable présent,
et cause avec les députés persans qui, jaloux de connaître
son étonnante histoire, en provoquent le récit de sa propre
bouche. L'empereur se prête sans peine à leur désir, et la
commence la narration des événements qui ont rempli la vie
du héros jusqu'au moment où il parle. Cet artifice, tout-à -fait
permis en poésie et qui me semble aussi ingénieux que conve-
nable, donne a l'auteur la facilité de mettre en récit ce qui ne
saurait faire partie de l'action sans allonger démesurément
la longueur du poème ; car les Persans pouvaient bien alors
ignorer des événements qui venaient k peine de s'accomplir
k l'extrémité occidentale de l'Europe.
Six chants entiers sont consacrés au récit en question. C'est
évidemment beaucoup trop long et il y aurait là bien des
retranchements ou des abréviations k opérer ; mais on y re-
marque de beaux passages et des vers frappés au bon coin.
Telle est cette peinture delà journée du 13 vendémiaire, de la
visite faite k Napoléon par le jeune Eugène Beauharnais allant
lui réclamer l'épée de son père, et de la connaissance de
Joséphine qui en fut la suite :
Voici les insurgés ! tout s'émeut, tout s'avance ;
Aussitôt du pouvoir j'embrasse la défense.
Les canons ont mugi ; balayés devant moi,
Les faubourgs de Paris reculent pleins d'effroi ;