page suivante »
LA DIPLOMATIE FBANÇAISE ES ORIENT. 299 de la seigneurie de Venise que le roi avait tant intérêt à voir, faute de mieux , garder la neutralité. Le prochain retour de Rincon fut annoncé a Maggio , le 11 mai, par le Drogman Nicoietto dépêché en avant. Ce fut le motif d'une grande joie pour le Sultan , qui ne parlait plus de François 1er qu'en l'appelant son frère, et qui donna incon- tinent l'ordre à son armée d'ouvrir les hostilités contre l'Au- triche. Mais celte nouvelle était à peine connue à Belgrade qu'un bruit étrange et funeste venait lui succéder ; on parlait de l'assassinat de Rincon et de Frégose , attribué à des gens de l'Empereur en Italie , et ce bruit n'était malheureusement que trop fondé. Les deux ambassadeurs s'étaient mis en route pour Venise. Tandis qu'ils séjournaient à Lyon, où Frégose passait l'ins- pection de la compagnie de gens d'armes dont le roi lui avait récemment donné le commandement, le sire Guillaume du Bellay de Langey , gouverneur pour le roi en Piémont, reçut avis que le marquis duGuast, général de Charles-Quint , se préoccupait du prochain passage des ambassadeurs. Il les e» prévint et leur donna rendez-vous à Rivoli pour se concerter avec lui, tandis qu'il ferait surveiller les démarches du mar- quis. La réunion eut lieu le 17 juillet. Tous les rapports con- firmaient que des émissaires espagnols couvraient les rou- tes , et que le Pô était l'objet d'une surveillance toute parti- culière dans la prévision que l'obésité de Rincon lui ferait préférer celte voie plus douce et plus commode. En cette occu- rence, la roule de terre offrait seule quelque sécurité, grâce aux dispositions qu'avait prises Langey. Un capitaine mila- nais, nommé Hercule Visconti, sur lafidélitéduquel on pou- vait compter, se chargeait de conduire les voyageurs jusqu'au château de Cisterne, tenu par une garnison française ; deli> on avancerait la nuit suivante jusqu'à un autre château, appartenant au frère de Visconti; puis, enfin, à la faveur de