page suivante »
212 BIBLIOGRAPHIE. somme, malgré quelques descentes momentanées, la route montait néanmoins. En second lieu, à qui sommes-nous redevables de ce pro- grès? Faut-il en faire honneur à la violence, à la révolte, à ces grandes Jacqueries qui ensanglantèrent si souvent le sol de la France? M. Dareste pense, et c'est une idée sur laquelle il est utile d'insister de nos jours, qu'il serait plus juste d'attribuer à ces commotions violentes les résultais op- posés. LesSeigneurs victorieux rétablissaient leur autorité, el, pour l'assurer à l'avenir, écrasaient les populations rebelles. Le progrès s'est fait par la liberté, mais par la liberté pacifi- quement conquise el charitablement concédée.Tout le monde y contribua, même ceux en qui les partis passionnés ne voient quedes oppresseurs. Le gouvernement féodal établit entre les classes diverses une communauté d'intérêts et une solidarité qui devint peu à peu une garantie pour les faibles. L'Eglise rapprocha les grands el les petits, les hommes de toute ori- gineet de tout rang. « Son esprit, dit excellemment M. Dareste, présidait aux transformations delà société; elle réunit les' "différentes classes de la nation sous des lois communes, el s'efforça d'élever graduellement toutes les conditions.... Ses enseignements, toujours favorables à la liberté et à la dignité humaine, prirent de jour en jour plus d'empire sur les âmes et finirent par commander au monde. » Plus lard, lorsque le pouvoir royal établit l'ordredans le royaume,il assura à celle liberté naissante des nouveaux affranchis la sécurité qui en fil un bien réel et durable et qui leur permit d'en tirer parti. A dater de celle époque, c'est aux populations elles-mêmes qu'il faut faire honneur de leurs progrès. Leur activité, leur moralité augmenta peu leurs richesses, et par elles leur puissance. Ces fortes vertus créèrent le tiers-Etal, qui après n'avoir été rien, comme disail Sièv es, finit par être tout. Il est impossible de parcourir du regard ce long travail des siècles,