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458 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. ger la chrétienté au lieu et place du roi de France, faisait une guerre acharnée à nos alliés. Comme gage de son zèle religieux et afin de faire constater par l'opinion publique une différence entre sa conduite et celle de son rival, il ré- solut de tourner ses armes contre Tunis tombée, ainsi que toute la côte de Barbarie , sous la puissance de Kaïr Eddin (Barberousse), amiral de Soliman. Charles, à la tête d'une flolte considérable et d'une armée de quarante mille combattants, prend d'assaut le fort de la Goulette, s'empare de la ville, rétablit Muley-Assem détrôné par Barberousse, et dont les sympathies étaient assurées aux Chrétiens, délivre vingt-mille esclaves qui le récompensent en faisant bénir son nom dans tous les coins de l'Europe, assure une retraite à ses flottes dans les. parages inhospitaliers de l'Afrique et ne rentre dans ses ports que lorsqu'il voit s'avancer la saison plu- vieuse et avec elle la crainte que les maladies ne viennent, en décimant son armée victorieuse, jeter une ombre sur l'éclat de cette glorieuse expédition. L'occasion eût été bonne pour !e roi de France, si, mettant à profil l'absence de son rival, il se fût décidé à frapper de grands coups en Italie. Mais que de malédictions ne seraient pas tombées sur sa tête s'il se fût avisé de molester l'empereur, alors que celui-ci, affectant de se sacrifier pour la religion, confiait aux flots la fortune de sa couronne afin de surprendre les ennemis de la foi jusqu'au fond d'un de leurs repaires. N'eûl-il pas, à la face des princes et des peu- ples chrétiens, donné raison aux infâmes libelles répandus à profusion en Allemagne et destinés à égarer l'opinion sur son compte en laissant croire qu'il n'avait qu'une religion fausse et hypocrite? Si l'astucieuse politique de Charles ten- dait un pareil piège à son antagoniste pour l'entraînera se faire mettre au ban de l'Europe civilisée , François répondit à celte espérance par une cruelle déception. Pendant tout