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* ET AU LAC MAJEUR. 143 montagnes couronnées de sapins qui s'en vont rejoindre les sommets du Simplon dont le soleil inonde de son éblouissante lumière les glaciers étincelants. Nous devons une visite à l'Isola-Madre, l'île la plus ancien- nement ornée et habitée, ainsi que l'indique son nom. Comme l'Isola-Bella, elle s'élève en terrasses et renferme un château, mais le tout avec moins de luxe et de pompe, et une allure plus simple et plus champêtre. Un vaste et magnifique jardin anglais la couvre tout entière, merveilleux labyrinthe où l'on pénètre sous un berceau de vigne par un escalier creusé dans le roc, et où l'on voit en foule les plantes les plus rares, même celles des Tropiques, cultivées en pleine terre. Le "palmier, la canne à sucre, le bananier, le camphrier étalent leur feuillage étonné de se mirer dans des eaux étrangères ; dans les fentes du rocher croissent le cactus et d'énormes aloes, mais cet ar- buste gigantesque ne fleurit qu'à Isolino, qui, avec Vile des Pêcheurs, complète le groupe des Borromées. Cette plante , tu le sais, ne fleurit que tous les cent ans et meurt aussitôt après... Que de belles réflexions nous auraient inspirées les cadavres soigneusement conservés de cesfleurslongues de plus de vingt pieds et qu'on prendrait, au premier abord, pour des fanons de baleine ! Mais , heureusement pour loi, le temps nous pressait, et, gardant la philosophie pour nos jours de loisir, nous regagnons notre prosaïque batelet, commençant, sous sa tente de toile blanche, un voyage dont nous ne pou- vions prévoir la fin , puisque nous allions chercher notre gîte à Arona, ville située à l'autre extrémité du lac. Mais, en repassant devant Isola-Bella, nous sommes arrêtés par un spectacle dont nous n'avions pas encore joui et qui s'étalait devant nous dans son unique splendeur. Du sein des eaux s'élevait l'immense pyramide de ses terrasses superpo- sées avec leurs doubles murailles de granit et d'arbustes soi- gneusement taillés , vrais jardins suspendus, que n'égalèrent