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80                           BIBLIOGRAPHIE.
gdtent les buissons, les Naïades les fontaines, Diane les forêts,
 les Zéphîrs m'empêchent de goûter la douceur des brises.
Toute cette population païenne, — si belle et si bien placée
dans les poètes anciens, ou dans le marbre ou sur la toile, —
je ne la rencontre pas dans les campagnes d'aujourd'hui sans
un certain déplaisir. C'est un revenant dont je me passerais
volontiers. La campagne suffit au charme sans qu'on ait be-
soin de décors mythologiques. Oui, celle volupté qui naît de
la contemplation de la nature , me parait si pleine , si riche,
si nourrie, que toute intervention étrangère, factice, imagi-
naire, loin de l'augmenter, la trouble et la corrompt. Aussi,
que j'aime bieu mieux les paysages dans lesquels Rafaël amis
plus de fidélité et moins de caprice, dans lesquels il a moins
inventé et plus reproduit ! Voyez un intérieur de forêt, —
Meudon ou Si-Germain, à votre choix


          Les insectes zébrés au corsage changeanl,
          Les papillons d'azur, les vives demoiselles,
          Essaim cuirassé d'or, d'émeraude et d'argent,
          Illuminent les airs du reflet de leurs ailes.

          Les geais bleus, par moment, jettent leurs sons criards
          Parmi l'orchestre ailé qui voltige dans l'ombre,
          Tandis que les linots et les pinsons bavards ,
          Musiciens aigus, font siffler le bois sombre.

          Voici, près de l'eau verte où tremble le roseau ,
          Une biche qui marche en silence ; — les herbes
          S'inclinent sous ses pas , — ainsi que l'arbrisseau
          Sous le souffle léger qui balance les gerbes ;

          Bientôt elle se penche au bord du flot dormant
          De la source, s'y mire un instant ; —puis , distraite,
          Tout autour dans le bois regarde vaguement,
          Et prête à chaque son une oreille inquiète.

     Un peu plus loin, dans une autre pièce, la tempête menace.
          Un vertige brûlant agite les moissons,

les bœufs se groupent sous les grands chênes,