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38 LA DIPLOMATIE FRANÇAISE EN ORIENT. l'accomplissement de laquelle ils s'empressaient de revenir. De jour en jour le besoin se faisait sentir de mettre un terme à cette situation devenue intolérable par la multiplicité des affaires, et, à partir de l'année 1534, le roi décida qu'il en- tretiendrait un ambassadeur permanent auprès du Grand Seigneur. Jean de la Forest, gentilhomme d'Auvergne, bailli de l'Or- dre de Saint-Jean de Jérusalem est le premier que la cour de France ait accrédité en cette qualité à Conslantinople. Formé de bonne heure à l'usage de la langue grecque par le célèbre exilé Lascaris, promu depuis au cardinalat, il dut à sa connaissance spéciale d'un idiome, fort peu répandu alors, l'honneur d'être appelé à un poste qui prenailune haute importance par suite des guerres de Hongrie et d'Italie. Hâtons-nous d'ajouter que sa qualité de chevalier de Sainl- Jean-de-Jérusalem présentait encore l'avantage de le faire considérer jusqu'à un certain point comme un gage ou plutôt une assurance de trêve entre cet Ordre et Soliman, sur l'esprit duquel une circonstance aussi extravagante devait exercer une heureuse influence. Tranquille à l'endroit de la paix avec les Turcs, François P r s'était plu à laisser le fameux Forban Haïr-Eddin (Barbe- rousse II) se former à Alger et à Tunis un royaume destiné à tenir Charles-Quint en échec. En reconnaissance des procédés du roi dont il tenait à se ménager les bonnes grâces pour l'avenir , Barberousse lui envoya, cette même année 1534, une ambassade accompagnée de nombreux présents. Après avoir fait aux officiers musulmans une somp- tueuse réception qui contrastait, il est vrai, avec les récri- minations de quelques princes chrétiens, François 1er, pro- filant du départ de La Forest pour Conslantinople, lui or- donna de s'arrêter, chemin faisant, à Tunis pour complimenter Barberousse, le remercier de ses présents et l'informer des