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                   A UNE MÈRE.
Quel espoir te ramène au champ du cimetière
Pour y porter tes pleurs, ô douloureuse mère !
Tu veux en arroser ton enfant, ton seul bien.
Ah ! c'est un sol ingrat qui ne rend jamais rien !
Sans raviver ce lieu chaque soleil retombe :
Et la mauve et l'hortie envahissent la tombe
Où le passé repose, où germe l'avenir :
L'homme y reste enfoui comme son souvenir !
Déjà son clair sourire avait trahi son âme,
Déjà le feu de vie avait jeté sa flamme
Par ses premiers regards, chauds rayons pour ton cœur,
Où l'enfant appuyée enfermait ton bonheur.
A présent, c'est la Mort, sur un tertre accroupie,
Qui la tient dans ses bras et la berce assoupie,
La couche à son côté sous un épais gazon,
Et son ricanement remplace ta chanson.
Sois patiente, ô mère ! et jette ta souffrance,
Comme un riche collier au cou de l'Espérance.
Afin que, s'envolant avant toi dans les cieux,
Elle y fasse un trésor des perles de tes yeux.
Le corps de ton enfant, sa voix, son doux sourire,
Et son grand œil surpris où tu savais tout lire,
Et ses bras étendus vers toi naïvement,
Renaîtront éternels au dernier jugement :
Puisqu'en ce jour la Mort étouffera sa plainte
Sous son poudreux linceul, et qu'à son tour atteinte,
Comme une mère en deuil contemplant un berceau,
On la verra pleurer le vide du tombeau !
                                  ARTHUR DE GRAVILLON.