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l'ait rayonner sur le sujet qu'il traite. Voulez-vous savoir pourquoi nous avons eu Racine? Demandez-le à ces char- mantes fées qui dansèrent la baguette à la main autour de son berceau, et laissèrent chacune au nouveau-né quelque don heureux ou funeste. L'antiquité grecque lui donna la sou- plesse des formes et la pureté des contours; elle déroula ^•ous ses jeunes regards et les horizons radieux de l'Hellade et ses cieux étincelanls, et lui enseigna l'art d'en fixer sous sa palette les magnifiques couleurs. Port-Royal guida, dans ses premiers essais, la main novice du débutant, et ses mo- ralistes ouvrirent devant lui un monde nouveau, en l'initiant à la connaissance dn cœur humain. Il compléta ses études à cet égard sous la discipline des femmes contemporaines. Elles lui apprirenï à observer une à une toutes les nuances si délicates du sentiment, à les reproduire dans ses écrits avec une grâce ravissante et lui demandèrent de beaux dis- cours plutôt que de belles aclions. Louis XIV et toule la cour aussi. Ce n'est plus le temps de représenter de mâles volontés en lutte contre les hommes et les choses : toutes les volontés sont confondues dans une seule. On n'a plus que faire des comtes ailiers de Corneille : les comtes du jour se coudoient dans les antichambres de Versailles, la livrée de valet sur le dos. On ne veut plus de ces héros ni de ces héroïnes aux ca- ractères inflexibles et aux mœurs austères : elles étaient bon- nes pour le vieux temps. On demande des personnages plus iendres a la tentation aujourd'hui que la vogue est au senti- ment el que, depuis le roi jusqu'au plus humble gentilhom- me, tout le monde ou à peu près vit dans une promiscuité de bon ton el se plaît à célébrer sa chaîne. C'est merveille d'entendre M.Reynaud développer toutes ces considérations et une infinité d'autres, mais avec des dé- tails, des détails... Il n'oublie rien, ne néglige rien, ne laisse rien passor de ce qui peu! expliquer le caractère de l'écrivain