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   Si Ton voulait aujourd'hui juger par ses livres et par ses
journaux un peuple brillant et spirituel, qui a joué un grand
rôle sur la scène du monde, le peuple italien, ce serait un
labeur plus triste que difficile. Non pas qu'il soit fort aisé
de saisir sur tous les points les nuances d'un travail in-
tellectuel, qui est ici ou là plus ou moins ardent, et qui
varie autant de fois pour le moins qu'il y a de principautés
diverses, de centres importants. Rome n'a pas les affections
ni les allures de Florence ; Milan ne ressemble point à Naples,
ni Venise noyée dans ses lagunes à Gènes élagée sur l'am-
phithéâtre de son golfe. Ces populations que séparent non
seulement les distances, mais encore les dissemblances de
position, seront-elles jamais réunies en une agglomération
puissante ? La légèreté du Napolitain s'alliera—t—elle quel-
que jour à la gravité du Lombard ? Ce pays morcelé dès
son origine, et qui a passé par tant de maîtres, est-il destiné
à sentir sur sa tête une de ces fortes mains qui rappellent
Charlemagne ou Napoléon? Nous ne savons ce que l'avenir
peut réserver à l'Italie, mais celte fusion de ses différents
peuples nous semble presque impossible. C'est pourtant l'u-
nité qui sortirait ce pays de sa léthargie, et qui ferait de
ces forces éparpillées une puissance singulièrement majes-^
tueuse.
   Quoique, dans le passé de l'Italie, on puisse trouver beau-
coup de raisons pour montrer que la littérature et les arts
savent très bien prospérer et grandir sans l'unité dont nous
parlons, il est sûr néanmoins que le trop grand morcelle-
ment du sol italique doit être aujourd'hui pour beaucoup
dans la torpeur qui pèse sur les esprits. Aux plus brillantes
époques, l'Italie ne fut quelque chose qu'avec des hommes
d'énergie et de pouvoir, des papes comme Léon X et Jules II,
des gouvernants comme la famille des Médicis, encore bien
que nous ne prétendions pas dénier h la fière République