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13 Si Ton voulait aujourd'hui juger par ses livres et par ses journaux un peuple brillant et spirituel, qui a joué un grand rôle sur la scène du monde, le peuple italien, ce serait un labeur plus triste que difficile. Non pas qu'il soit fort aisé de saisir sur tous les points les nuances d'un travail in- tellectuel, qui est ici ou là plus ou moins ardent, et qui varie autant de fois pour le moins qu'il y a de principautés diverses, de centres importants. Rome n'a pas les affections ni les allures de Florence ; Milan ne ressemble point à Naples, ni Venise noyée dans ses lagunes à Gènes élagée sur l'am- phithéâtre de son golfe. Ces populations que séparent non seulement les distances, mais encore les dissemblances de position, seront-elles jamais réunies en une agglomération puissante ? La légèreté du Napolitain s'alliera—t—elle quel- que jour à la gravité du Lombard ? Ce pays morcelé dès son origine, et qui a passé par tant de maîtres, est-il destiné à sentir sur sa tête une de ces fortes mains qui rappellent Charlemagne ou Napoléon? Nous ne savons ce que l'avenir peut réserver à l'Italie, mais celte fusion de ses différents peuples nous semble presque impossible. C'est pourtant l'u- nité qui sortirait ce pays de sa léthargie, et qui ferait de ces forces éparpillées une puissance singulièrement majes-^ tueuse. Quoique, dans le passé de l'Italie, on puisse trouver beau- coup de raisons pour montrer que la littérature et les arts savent très bien prospérer et grandir sans l'unité dont nous parlons, il est sûr néanmoins que le trop grand morcelle- ment du sol italique doit être aujourd'hui pour beaucoup dans la torpeur qui pèse sur les esprits. Aux plus brillantes époques, l'Italie ne fut quelque chose qu'avec des hommes d'énergie et de pouvoir, des papes comme Léon X et Jules II, des gouvernants comme la famille des Médicis, encore bien que nous ne prétendions pas dénier h la fière République