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                        MOLIÈRE.
                            Oui, peut-être ma plume
Dans ce rôle d'Alceste a mis trop d'amertume,
Car Alcesle c'est moi, Molière au cœur frappé,
Amoureux comme Alceste et comme lui trompé.
Les douleurs que je sens, sa bouche les révèle.
Ah! ma blessure encore est saignante et nouvelle !
Mille cuisants chagrins ont passé sur mes jours :
Le temps les a guéris... mais celui-là toujours,
Ineffaçable, est là dans mon ame offensée...
Cet amour, cette injure obsèdent ma pensée !
                       CHAPELLE.
Molière ! se peul-il que ton cœur à ce point
Souffre pour un amour qu'on ne partage point,
El que ta passion survive à ton estime?
Quand tu devrais, t'armant d'un droit très légitime,
Epoux trahi, vengeant ton honneur diffamé,
Faire enfermer...
                        MOLIÈRE.
                Chapelle ! as-tu jamais aimé ?
                       CHAPELLE.
Cent fois! belle demande !
                        MOLIÈRE.
                               Aimé du fond de l'ame ?
                        CHAPELLE.
Sans doute, de l'amour j'ai ressenti la flamme,
La flamme la plus vive, au fond de l'ame, là...
Mais je ne perdais pas la tôle pour cela.
El si je m'étais vu trahi de ma maîtresse,
Sans pleurs et sans éclat abjurant ma tendresse,
Par le mépris soudain je me serais guéri.
Je l'eusse fait amant, je le ferais mari.
En un mot, j'ai souvent aimé, mais aimé comme
Un garçon de bon sens, d'esprit, un galant homme,