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53 goûtée pour la première fois, sans en être malade ou sans faire une grimace horrible, comment se fait-il, dis-je, que leur usage devienne un besoin impérieux? C'est en vain que l'o- dorat et le goût sont là comme des sentinelles pour repous- ser ces substances désagréables. L'homme ne cherche pas ici une titillation voluptueuse des sens, mais une action puis- sante sur tout son organisme. Il serait trop long de déduire toutes les raisons et toutes les conséquences physiologiques de cet asservissement de l'homme. Il suffit de l'indiquer. A quelque latitude et à quelque époque de leur vie sociale que nous voulions étudier les peuples, nous les trouverons tou- jours plus ou moins esclaves d'un excitant dont l'usage s'étend de plus en plus, et ne peut être aboli que par un autre. On di- rait que partout et toujours les hommes ont hâte de vivre, et que le proverbe vie courte et bonne est leur règle de con- duite. Il est remarquable que, dans le principe, lorsque l'usage commence à se répandre, ces excitants paraissent bien plus nuisibles qu'un ou deux siècles plus tard. Quelle en est la cause? Est-ce parce qu'on a perfectionné les moyens de les préparer et de s'en servir? Est-ce que la constitution du corps humain, modifiée de génération en génération, s'est appro- priée à cette nouvelle espèce d'aliment? 11 serait donc possible que, dans un siècle, les Chinois, les dandys de Londres et de Paris, pussent fumer l'opium, aussi impunément querious fumons les cigarres de la régie. Alors les Anglais ne seront pas plus empoisonneurs que les Arabes et les Américains, qui nous ont fait connaître feau-dc-vie, le café et le tabac. P. LoilTET. (NOTA.) Pour éviter des citations au bas do chaque page, je dois avertir qu'un grand nombre de faits sont tirés de la géogra- phie de Ritler.