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{(ans un genre tout opposé, une délicieuse page de M. Baron, fraîche de couleur, originale de composition, vrai mélange de Paul Véronèze et de Watteau. La tête du Fra Angelico de M. Landclle est mal emman- chée, le bras est trop long, mais l'ensemble est digne de Le- sueur et de Zurbaran. Rien de mieux posé ni de mieux ajusté que la figure de M. Lefebvre, mais c'est le seul éloge qu'elle mérite ; le jour qui l'éclairé ne découle d'aucun astre de la sphère céleste; a moins que la teinte violette répandue sur les arbres et les ter- rains, ne soit motivée par le sujet, tiré d'un roman mystique, que nous n'avons pas lu. M. Lefebvre est impardonnable d'a- voir ainsi grtté une page qui pouvait être excellente. Les esquisses de M. Guérin nous semblent loin de celles qu'il nous donna l'an passé ; sa Corinne est un peu froide, et ses Baigneuses n'ont pas l'ampleur d'effet auquel il nous a habitués ; sa Promenade, qui est pourtant une jolie chose, a descendu aussi de son grand style. Quoique M. Brune nous assure que ses paysages sont des études d'après nature, nous prendrons la liberté d'en douter; quant au tableau que Mme Brune a exposé sous le n° 51, c'est un drame galant joué par de brillantes poupées, dont les figures rosées, sous leurs étoffes chatoyantes, sont glacées de tons vifs et frais; il n'en faut pas plus pour la foule. Un ravissant paysage de M. Léon Fleury, le port deVillefran- che, a toujours été si mal placé, qu'à peine a-t-il été remar- qué. Ce charmant motif, d'un coloris chaud et vrai, s'est encore embelli sous l'adroit pinceau de l'artiste; c'est un des jolis morceaux du Salon. 11 y a progrès dans la manière de M me Leloir, née Colin; son faire a perdu la manière et acquis la science. M. Colin est une victime de Bonnington. On retrouve, dans toutes ses œuvres, les traces de sa partialité pour la manière anglaise.