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   Je ne doute pas que l'usage de l'eau-de-vie, et surtout de
l'eau-de-vie de pommes de terre, ne soit la cause du ca-
ractère nerveux qui domine dans les maladies de ces contrées.
Il serait digne d'un chimiste philanthrope de faire un travail
complet sur les différentes eaux-de-vie, et de rechercher
quelle substance peut donner à chacune d'elles des qualités
particulières.
    Le tabac, auquel les Américains demandaient l'ivresse et
l'assoupissement, en aspirant la fumée par le nez, au moyen
de leur tuyau bifurqué appelé tabaco, est répandu aujour-
d'hui sur le monde entier. En vain on a coupé le nez des
fumeurs; on les a empoisonnés, excommuniés, rien n'a pu ar-
rêter les envahissements de cet excitant.
   Le Haschischa (1) est une espèce de plante, sans doute le
Cannabis indica de Rumph, dont on prépare une décoction
ou une pâle avec du miel. Cet usage paraît venir de l'Inde et
avoir été propagé dans le Khorasan par le scheikh Haidar,
il y a à peu près 600 ans. Il s'est répandu de là dans l'Irak,
la Syrie, l'Egypte et la Roumélie. Cette boisson procure une
espèce d'ivresse caractérisée par une grande gaîté, et suivie
d'un sommeil léthargique. Les poètes n'ont pas manqué d'en
faire l'éloge :
   « Laisse là le vin, prends à sa place la coupe de Haidar,
cette coupe qui exhale l'odeur de l'ambre, et qui brille du
vert éclatant de f émeraude.
    « Que le Keff (pour hachischa) te serve à repousser loin
de toi la main cruelle des tristes soucis : goûte la douceur de
la joie, et ne remets pas au lendemain le moment du plai-
sir. [Dimaschki.)
   Les persécuteurs du haschischa, au contraire, ont déclaré
qu'il produit la folie, et que ceux qui s'y adonnent ne con-

  (i) Sylvestre de Sary, Chveslomathie. avebr.