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52 servent plus rien des attributs de l'humanité. Enfin, le général français, lors de l'expédition d'Egypte, en défendit l'usage sous peine de trois mois de prison, et avec menace de faire murer les portes des maisons où il en serait vendu. 11 défendit aussi l'usage de fumer la graine de chanvre. Malgré toutes ces défenses, on boit encore le haschischa dans l'Orient. Le café que, depuis Voltaire, personne n'ose appeler un poison, a été aussi chanté par les poètes, défendu par des magistrats, condamné par des médecins qui en faisaient se- crètement usage, même dans l'Yemen qui nous l'a fourni. « 0 café! lu dissipes tous les soucis; lu es l'objet des vœux de l'homme livré à l'étude ! Dieu a privé de cetle li- queur l'insensé qui la condamne avec une opiniâtreté invin- cible, » s'écrient les poètes arabes. D'un autre côté, on lui a attribué des propriétés nuisibles à l'esprit et au corps; on l'a proscrit à l'égal du vin. On en a défendu la vente, on a brisé les vases dans lesquels il se cui- sait, on a donné la bastonnade aux marchands ; on le brûlait sur la place publique de la Mecque, en 1500, peu de temps après qu'il J fut apporté de l'Abyssinie ou du Djabarta. On lui a déclaré une guerre à outrance, et cependant, comme les autres excitants, il a triomphé des excommunications et des émeutes. On enveloppa môme dans la proscription la bois- son rafraîchissante appelée Kischèriga, préparée avec la pulpe desséchée des baies du café. Elle ressemble h une in- fusion de thé légèrement acide. Jusqu'à présent son usage ne s'est pas étendu hors de l'Yemen. Je pourrais encore citer d'autres exemples, mais en voilà assez pour démontrer que l'histoire des excitants suit partout les mêmes phases. Comment se fait-il que ces substances nauséabondes, ayant une saveur brûlante, acre, amère, que personne n'a