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14 llorentinc la gloire qu'elle s'était acquise avant les liants seigneurs qui firent entrer le pouvoir dans une seule maison. L'Italie ne s'abime pas seulement par ce manque d'unité qui puisse concentrer et diriger ses forces; elle se perd >-ui- tout par une imitation servile de ce qui vient du dehors. La littérature italienne se traîne à la suite de la nôtre, et parait en emprunter de préférence les pauvretés et les ridicules. Deux grandes cités, Florence et Milan, tiennent des officines de traduction, et comme c'est principalement par les récla- mes effrontées du journalisme que nos livres y sont le plus vite connus, ce sont aussi les vulgaires marchandises du jour qui fixent le plus l'attention. On traduit tant bien que mal, sans beaucoup de discernement, et vite. Quand on se prend aux ouvrages sérieux, ce n'est guère avec plus de réflexion. Nous avons vu à Florence Y Innocent III de Hurler traduit en italien sur une version française. La belle langue italienne se gâte malheureusement à ce triste commerce de librairie, et le journalisme vient en aide. C'est là que se retrouve no- Ire jargon politique, parfaitement reconnaissable sous le vê- tement dont on l'affuble. Il y a une telle transparence dans l'expression, qu'à la simple lecture de quelques lignes, on peut distinguer une page empruntée à nos journaux d'avec une page qui sort de la plume d'un homme qui a pensé en italien. Combien doivent gémir ceux qui gardent quelque vénération pour la langue de Boccace et de Machiavel, pour celte parole si fortement trempée de Benvenuto Cellini et d'auteurs semblables! L'entendre ainsi gazouiller les pointes, les fadaises, les sales équivoques de nos vaudevilles, et les sentimentales niaiseries de la plupart de nos romans, quel supplice ! La contrefaçon belge qui porte un si grand préjudice à la iibrairie française, va promener jusqu'en Italie les volumes qu'elle reproduit avec une malheureuse fécondité. A Rome,