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 llorentinc la gloire qu'elle s'était acquise avant les liants
 seigneurs qui firent entrer le pouvoir dans une seule maison.
     L'Italie ne s'abime pas seulement par ce manque d'unité
 qui puisse concentrer et diriger ses forces; elle se perd >-ui-
  tout par une imitation servile de ce qui vient du dehors. La
 littérature italienne se traîne à la suite de la nôtre, et parait
 en emprunter de préférence les pauvretés et les ridicules.
 Deux grandes cités, Florence et Milan, tiennent des officines
 de traduction, et comme c'est principalement par les récla-
 mes effrontées du journalisme que nos livres y sont le plus
 vite connus, ce sont aussi les vulgaires marchandises du jour
 qui fixent le plus l'attention. On traduit tant bien que mal,
 sans beaucoup de discernement, et vite. Quand on se prend
 aux ouvrages sérieux, ce n'est guère avec plus de réflexion.
 Nous avons vu à Florence Y Innocent III de Hurler traduit
 en italien sur une version française. La belle langue italienne
se gâte malheureusement à ce triste commerce de librairie,
 et le journalisme vient en aide. C'est là que se retrouve no-
 Ire jargon politique, parfaitement reconnaissable sous le vê-
tement dont on l'affuble. Il y a une telle transparence dans
l'expression, qu'à la simple lecture de quelques lignes, on
peut distinguer une page empruntée à nos journaux d'avec
une page qui sort de la plume d'un homme qui a pensé en
italien. Combien doivent gémir ceux qui gardent quelque
vénération pour la langue de Boccace et de Machiavel, pour
celte parole si fortement trempée de Benvenuto Cellini et
d'auteurs semblables! L'entendre ainsi gazouiller les pointes,
les fadaises, les sales équivoques de nos vaudevilles, et les
sentimentales niaiseries de la plupart de nos romans, quel
supplice !
   La contrefaçon belge qui porte un si grand préjudice à la
iibrairie française, va promener jusqu'en Italie les volumes
qu'elle reproduit avec une malheureuse fécondité. A Rome,