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sans doute servi en toute conscience, s'ils l'eussent pu avec
droiture. Nous ne doutons pas que le portefeuille de l'abbé
Guillon ne contienne les manuscrits de plus d'un ouvrage
important. Si, avant la fin de ses jours., il ne les fait point
imprimer, ses héritiers n'auront peut-être pas les mêmes
raisons pour en priver le public, pourvu toutefois que certaine
cabale, qui en craint la publication, ne les fasse soustraire
par ses rusés sycophantes de l'un ou de l'autre sexe, comme
elle y a déjà réussi en d'autres successions d'écrivains dont
elle redoutait l'érudition et la véracité.
   Il se pourra que les connaissances variées de l'abbé Guillon,
jointes à l'activité de son esprit, durant une longue vie, l'ayant
fait écrire sur une quantité de matières souvent disparates,
où il a semblé peu d'accord avec les productions de sa jeunesse,
il soit accusé d'inconstance et de versatilité par ces hommes
que l'ineptie ou des calculs d'ambition retiennent dans l'ornière
qui conduit à la fortune et aux honneurs. Mais une pareille
accusation ne saurait nuire à la réputation de celui qui n'a
jamais soupiré après la richesse, ni rien ambitionné qui flattât
la vanité, pas même le moindre de ces hochets qu'on appelle
décoration. Philosophe pratique avec simplicité, sans songer
à faire des phrases philosophiques, M. Guillon a toujours
conservé cette manière d'être à travers les circonstances les
plus divergentes, supportant le malheur avec la naême sérénité
d'ame que la situation où il pouvait se croire heureux. Nous
croirions volontiers que son stoïcisme, égaré par son caractère,
le rend satisfait de sa modeste condition, où, ayant la jouis-
sance des choses les plus nécessaires à la vie simple et frugale
d'un sage, il peut se livrer sans gêne, en silence, à ses
caustiques réflexions sur ce qui se passe de si bizarre dans
le temps où nous sommes.

                                       F.-Z.   COLLOMBET.