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432 sans doute servi en toute conscience, s'ils l'eussent pu avec droiture. Nous ne doutons pas que le portefeuille de l'abbé Guillon ne contienne les manuscrits de plus d'un ouvrage important. Si, avant la fin de ses jours., il ne les fait point imprimer, ses héritiers n'auront peut-être pas les mêmes raisons pour en priver le public, pourvu toutefois que certaine cabale, qui en craint la publication, ne les fasse soustraire par ses rusés sycophantes de l'un ou de l'autre sexe, comme elle y a déjà réussi en d'autres successions d'écrivains dont elle redoutait l'érudition et la véracité. Il se pourra que les connaissances variées de l'abbé Guillon, jointes à l'activité de son esprit, durant une longue vie, l'ayant fait écrire sur une quantité de matières souvent disparates, où il a semblé peu d'accord avec les productions de sa jeunesse, il soit accusé d'inconstance et de versatilité par ces hommes que l'ineptie ou des calculs d'ambition retiennent dans l'ornière qui conduit à la fortune et aux honneurs. Mais une pareille accusation ne saurait nuire à la réputation de celui qui n'a jamais soupiré après la richesse, ni rien ambitionné qui flattât la vanité, pas même le moindre de ces hochets qu'on appelle décoration. Philosophe pratique avec simplicité, sans songer à faire des phrases philosophiques, M. Guillon a toujours conservé cette manière d'être à travers les circonstances les plus divergentes, supportant le malheur avec la naême sérénité d'ame que la situation où il pouvait se croire heureux. Nous croirions volontiers que son stoïcisme, égaré par son caractère, le rend satisfait de sa modeste condition, où, ayant la jouis- sance des choses les plus nécessaires à la vie simple et frugale d'un sage, il peut se livrer sans gêne, en silence, à ses caustiques réflexions sur ce qui se passe de si bizarre dans le temps où nous sommes. F.-Z. COLLOMBET.