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mais qui ne pouvait porter des fruits utiles dans le XIXe siècle,
où le grain de la foi ne pouvait d'ailleurs germer au milieu des
intrigues du nouveau clergé, ce martyrologe, disons-le, offus-
qua les notabilités de l'église, parce que c'était une pierre de
louche qui allait faire apprécier le degré de sa croyance à
l'évangile pour la prédication duquel on le payait assez
bien.
   L'auteur était entré en matière par un discours extrême-
ment riche d'érudition ecclésiastique sur les conditions du vrai
martyre. Il y faisait remarquer que les évèques et les prêtres
avaient l'air de ne pas savoir que les anciens théologiens et les
saints Pères avaient regardés comme glorifiés dans le ciel, et
fait invoquer comme des saints les chrétiens qui recevaient
le martyre, sans qu'on eût besoin d'aucune formule d'autori-
sation de la cour de Rome. Les honneurs qui leur étaient
rendus dès cet instant-là même furent un des plus adroits et
plus efficaces moyens des anciens prédicateurs du christianisme
pour le propager, en augmentant le nombre des chrétiens, qui
presque tous étaient ignorants, pauvres et malheureux, à qui
l'on imprimait ainsi une exaltation d'enthousiasme, qui en
faisait tant courir à des tourments qu'ils croyaient accompagnés
de l'indicible félicité céleste.
    Au moment où. M. Guillon écrivait cet ouvrage, toutle culte,
tout le clergéétait dans la main du jésuitisme. Ce martyrologe,
qu'il était impossible d'anéantir, on s'efforça de le faire d é -
 daigner par les fidèles ; on n'y réussit pas entièrement. Les
 hommes instruits et raisonnables recherchent encore cet
 ouvrage, curieux sous beaucoup de rapports, qui même tous
 les jours est mis furtivement à contribution par les faiseurs
jésuitiques de ces soi-disant Biographies ou Dictionnaires
 historiques dont nous sommes inondés.
    L'abbé Guillon effaroucha plus encore la puissante faction
 jésuitique lorsque, en 1822, il publia le premier tome de son
 Histoire générale de l'Eglise au XVIIIe siècle, où il éclaircissait
 des questions majeures et des faits importants que le jésuilis-