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tôt empereur. Dirigée spécialement contre lui, cette brochure
semblait ne l'être que contre l'usurpation que le père de
Charlemagne avait faite, vers 772, de la couronne des MĂ©ro-
vingiens, car elle portait pour titre : Le grand crime de Pepin-
le-Bref. Les Parisiens, enchantés d'être débarrassés du Direc-
toire, ne comprirent pas le but du pamphlet, et le ministre
de la police, qui en pénétra l'invention, ne voulut point le
faire saisir, de crainte que l'éclat de la saisie ne fît remarquer
la prédiction,- mais il ne tarda pas à trouver un autre moyen
de persécuter l'auteur du pamphlet et de le faire évanouir.
Il fit emprisonner l'abbé Aimé Guillon de Monlléon comme
rédacteur et distributeur d'un journal clandestin, et, des
reproches amers du Consul ayant fait penser au ministre que
M. Guillon avait des rapports avec des hommes qui, ayant
l'intime confiance de Bonaparte, avaient divulgué ses secrets,
fit mettre en jeu toutes sortes de ruses dans les interroga-
toires pour savoir de lui lequel d'entre les confidents parti-
culiers du Consul il connaissait le mieux, et par conséquent
avait pu lui révéler le plus mystérieux de ses projets. L'abbé
 Guillon avait trop d'honneur pour trahir l'indiscret ; il ne l'a
 nommé que vingt ans après, lorsqu'il n'y avait plus de dan-
 ger ni pour l'un ni pour l'autre (1). Le révélaLeur était
 le fameux abbé Bernier, de la Vendée, qui, gagné par Bona-
 parte, était chargé d'aller porter ses propositions et ses
 exigences aux agents du pape venus Ă  Paris pour traiter du
 concordat qui se conclut en 1801. L'abbé Bernier avait dit,
 en janvier de l'année précédente, à l'abbé Aimé Guillon, lié
avec lui, que le premier consul voulait reproduire, Ă  son
 profit, dès que les circonstances le permettraient, la scène
fabuleuse de Pepin-le-Bref, se faisant autoriser par le pape
 Zacharie Ă  usurper la couronne de la dynastie de Clovis.


  (1) Cette anecdote a été développée par l'abbé Guillon lui-même, en 1821,
dans les prolégomènes historiques d'un grand ouvrage : Les martyrs de la foi
pendant la révolution française, au tome I e r , p. 275.