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  Voici maintenant les vers que Barthélémy Aneau écrivait
après avoir expliqué Eucher :
         Le genre humain à mort prosne et enclin ,
         En son trespas et occident déclin
         Incessamment est meu et agité
         Par rauissante et grand' mortalité.
         Et par la loy des siècles succédens
         L'un après l'autre , ayant leurs accidens ,
         Sans que le temps iamais soit arresté,
         Tousiours decourt toute postérité.
         Nos pères sont passez ; nous passerons,
         Nos successeurs suyuront, quand bas serons.
          Ne plus ne moins que de la mer profonde
         Les flotz marins gectez onde après onde
          L'un dessus l'autre allant à haute nage ,
          Sont corrompus et froissés au rivage.
          Eages ainsi présentes , et passées,
          Et à venir j sont mortes et cassées
          Succedemment au terme de la mort,
          Comme les eaux au rivage du bord (1).

   Ces vers, qui paraîtront bien surannés , ont certaine-
ment quelque mérite , et il en est plusieurs qui ne reprodui-
sent point mal ce que le texte présente de concision éner-
gique. En o u t r e , ce volume est une preuve en faveur du
catholicisme d'Aneau, car, s'il eût été partisan de la nouvelle
doctrine, comment se fût-il avisé de dédier sa traduction à
un archevêque ? Dans sa préface, qui est écrite de notre cité,
en date du 25 septembre 1552, Aneau parle de « l ' a m o u r
« et bonne affection q u e , dès sa première adolescence , il
« porte à la ville de Lyon, en laquelle il a consumé bonne
« partie de sa jeunesse au service p u b l i c , où il a goûté des
« deux vaisseaux de Jupiter, mis à l'entrée de la vie. »
                                          F.-Z,' COLLOMBET.
  (t) Pag. 58.