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terre ferme, ils poussèrent devant eux, s'en rapportant à
la providence sur le chemin qu'ils prenaient. Les uns
s'enfonçant intrépidement au travers des Savannes, s'é-
parpillèrent dans la Louisiane; d'autres allèrent demander
l'hospitalité aux sauvages Natchidoches; quelques-uns tour-
nèrent du côté de Mexico. Quel sort est échu depuis aux
uns et aux autres ? Morts, ont-ils trouvé dans la terre
l'inviolahilité d'asile que, vivants, ils n'obtinrent pas sous
le soleil, ou bien leurs cendres ont-elles été silencieuse-
 ment dispersées par l'ouragan au centre de quelque forêt?...
Demandez à Dieu la réponse à ces questions ; nul homme
 ne peut la donner. Les seuls qu^on revît furent ceux qui
 franchirent, par une route inconnue, un espace de cent
cinquante lieues presque inhabité, parvinrent à la Nouvelle-
 Orléans, après avoir subi des fatigues, des privations, des
 périls inouïs. Disons toutefois qu'un hasard inespéré vint
 à point arracher à une mort eertaine plusieurs exilés que
 le manque de forces avait empêché de suivre les uns ou
 les autres de leurs compagnons. Un navire qu'un vent
 contraire poussa dans la baie de Galveston les recueillit
 et les ramena aussi à la Nouvelle-Orléans. Le peuple se
 pressa avec attendrissement autour de nos malheureux
 compatriotes au fur et à mesure qu'ils entrèrent dans la
  ville et leur fournit les secours dont ils avaient tant
 besoin.
   L'envie de revoir la France possédait tous les ré-
iugiés assez heureux pour être ainsi revenu à leur point
de départ; mais il en était bien peu parmi eux à qui leur
position politique ou pécuniaire permit de songer sérieu-
sement à l'acomplissement de ce retour. Quelques-uns de
ceux qui le pouvaient prirent isolément passage sur des
 navires de commerce et réussirent à débarquer dans leur