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184 terre ferme, ils poussèrent devant eux, s'en rapportant à la providence sur le chemin qu'ils prenaient. Les uns s'enfonçant intrépidement au travers des Savannes, s'é- parpillèrent dans la Louisiane; d'autres allèrent demander l'hospitalité aux sauvages Natchidoches; quelques-uns tour- nèrent du côté de Mexico. Quel sort est échu depuis aux uns et aux autres ? Morts, ont-ils trouvé dans la terre l'inviolahilité d'asile que, vivants, ils n'obtinrent pas sous le soleil, ou bien leurs cendres ont-elles été silencieuse- ment dispersées par l'ouragan au centre de quelque forêt?... Demandez à Dieu la réponse à ces questions ; nul homme ne peut la donner. Les seuls qu^on revît furent ceux qui franchirent, par une route inconnue, un espace de cent cinquante lieues presque inhabité, parvinrent à la Nouvelle- Orléans, après avoir subi des fatigues, des privations, des périls inouïs. Disons toutefois qu'un hasard inespéré vint à point arracher à une mort eertaine plusieurs exilés que le manque de forces avait empêché de suivre les uns ou les autres de leurs compagnons. Un navire qu'un vent contraire poussa dans la baie de Galveston les recueillit et les ramena aussi à la Nouvelle-Orléans. Le peuple se pressa avec attendrissement autour de nos malheureux compatriotes au fur et à mesure qu'ils entrèrent dans la ville et leur fournit les secours dont ils avaient tant besoin. L'envie de revoir la France possédait tous les ré- iugiés assez heureux pour être ainsi revenu à leur point de départ; mais il en était bien peu parmi eux à qui leur position politique ou pécuniaire permit de songer sérieu- sement à l'acomplissement de ce retour. Quelques-uns de ceux qui le pouvaient prirent isolément passage sur des navires de commerce et réussirent à débarquer dans leur