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et le cortège communal avait à peine parcouru, pour y publier
l'ordonnance du prévôt des m a r c h a n d s , les rues T u p i n ,
Mercière, du Change et de St-Iean que les cloches de toutes
les églises, de toutes les chapelles, de tous les couvents
sonnaient à grandes volées et que les flammes des feux de joie
s'élevaient devant chaque maison à une grande hauteur ; si
bien que de loin on aurait pu croire à une incendie, et que les
populations des villages voisins accoururent tout effrayées
pour porter secours à la ville.
   Le lendemain, eut lieu une procession générale et solen-
 nelle à laquelle assistèrent tous les habitants. Le son des
trompettes, des clairons, des hautbois se joignait aux chants
de l'Eglise. Des pièces de théâtre furent jouées le soir dans
les rues et carrefours de la ville, le tout, dit Paradin, avec
exquises inuentions poétiques.
   Le samedi, 9, ajonle le même historien, se passa entière-
ment en tout excès de ioyeuseté. Les fêtes furent terminées
le dimanche, mais ce fut aussi ce jour-là qu'elles eurent le
plus d'éclat.
   Et ces fêtes qui sembleraient un anachronisme de nos
jours, furent d'autant plus populaires qu'elles étaient natio-
nales. Car le retour en France des deux fils du roi effaçait
la plus triste page du traité de Pavie.
   C'était le matin du dimanche.
   Dans une modeste chambre d'une maison de la rue
Thomassin était couché un vieillard dormant d'un paisible
sommeil. Deux damoiselles, velues d'une robe de laine à
manches courtes avec un pelisson sur les épaules^ se tenaient
près de son lit, tantôt jetant un regard sur lui comme pour
épier le moment de son réveil, tantôt lisant quelques lignes
d'une Bible ouverte devant elles. Des broderies à moitié
achevées, divers autres ouvrages tels que tapisseries, copies
 de manuscrits, dessins, e t c . , se trouvaient pêle-mêle sur
 une table au milieu de l'appartement, et montraient assez
 sans qu'il fut besoin de regarder les yeux rougis des deux