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121 et le cortège communal avait à peine parcouru, pour y publier l'ordonnance du prévôt des m a r c h a n d s , les rues T u p i n , Mercière, du Change et de St-Iean que les cloches de toutes les églises, de toutes les chapelles, de tous les couvents sonnaient à grandes volées et que les flammes des feux de joie s'élevaient devant chaque maison à une grande hauteur ; si bien que de loin on aurait pu croire à une incendie, et que les populations des villages voisins accoururent tout effrayées pour porter secours à la ville. Le lendemain, eut lieu une procession générale et solen- nelle à laquelle assistèrent tous les habitants. Le son des trompettes, des clairons, des hautbois se joignait aux chants de l'Eglise. Des pièces de théâtre furent jouées le soir dans les rues et carrefours de la ville, le tout, dit Paradin, avec exquises inuentions poétiques. Le samedi, 9, ajonle le même historien, se passa entière- ment en tout excès de ioyeuseté. Les fêtes furent terminées le dimanche, mais ce fut aussi ce jour-là qu'elles eurent le plus d'éclat. Et ces fêtes qui sembleraient un anachronisme de nos jours, furent d'autant plus populaires qu'elles étaient natio- nales. Car le retour en France des deux fils du roi effaçait la plus triste page du traité de Pavie. C'était le matin du dimanche. Dans une modeste chambre d'une maison de la rue Thomassin était couché un vieillard dormant d'un paisible sommeil. Deux damoiselles, velues d'une robe de laine à manches courtes avec un pelisson sur les épaules^ se tenaient près de son lit, tantôt jetant un regard sur lui comme pour épier le moment de son réveil, tantôt lisant quelques lignes d'une Bible ouverte devant elles. Des broderies à moitié achevées, divers autres ouvrages tels que tapisseries, copies de manuscrits, dessins, e t c . , se trouvaient pêle-mêle sur une table au milieu de l'appartement, et montraient assez sans qu'il fut besoin de regarder les yeux rougis des deux