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d'un pareil acte de vandalisme! Pourquoi débaptiser ce lieu?
Ce nom est-il ignoble ou indigne d'une grande cité ? il rappelle
au contraire une alliance qui ne peut que l'honorer. Si vous
aviez encore des èchevins, je leur crierais: Prenez garde! si
Lyon n'est plus la seconde ville du royaume, la capitale du
midi, c'est qu'elle a trop négligé son histoire, qui est si belle
et si noble ; c'est qu'elle semble avoir hâte de rompre elle-
même les liens de parenté qui l'unissent aux provinces voisi-
nes. Eh ! de quel droit une mère qui renierait ses enfants
viendrait-elle ensuite réclamer d'eux respect et déférence .
Craignez-vous de conserver trop long-temps le peu de cen-
tralisation qui vous reste; ne vous rappelez-vous plus de
l'éternelle confraternité des Foréziens; n'ont-ils pas assez sou-
vent mêlé leur sang au vôtre, comme pour prouver qu'il venait
d'une mêrna source. Mais que je suis fou de vous rappeler ces
choses là, à vous, le chroniqueur lyonnais, comme si vous
n'en sentiez pas mieux que moi la portée.
   En troisième lieu, j'aurais désiré trouver dans le Dictionnaire
de M. Breghot, une petite mention de l'Hôtel du Gouvernement
qui existe encore, n'eut-elle pas été plus longue que la notice
qui y est consacrée au Change, car c'est aussi un édifice public.
Quant à moi, je lui portai toujours une grande vénération :
c'est là que je débarquai dans votre ville pour la première fois,
et je me doutais que c'avait été la demeure de nos gouverneurs
du Lyonnais, Forez et Beaujolais. J'étudiai ses appartements,
ses escaliers, ses trois issues, ses petites cours, ses apparte-
ments cachés et ses moulures en pierre ; et depuis, à chaque
voyage que j'ai fait à Lyon, je suis toujours descendu à cet
hôtel (il a conservé ce nom un peu fastueux peut-être pour
une modeste hôtellerie ), en dépit des incommodités du lieu
et du service. C'est que, nulle part ailleurs, je n'aurais été
aussi bien pour penser à l'histoire. Nos Monlbrisonnais, qui
presque tous descendent aussi là, ne s'inquiètent guère s'ils
 couchent dans les salles où brillait jadis la sémillante cour du
duc de Nemours.                            A. BERNARD jeune.