page suivante »
44 d'un pareil acte de vandalisme! Pourquoi débaptiser ce lieu? Ce nom est-il ignoble ou indigne d'une grande cité ? il rappelle au contraire une alliance qui ne peut que l'honorer. Si vous aviez encore des èchevins, je leur crierais: Prenez garde! si Lyon n'est plus la seconde ville du royaume, la capitale du midi, c'est qu'elle a trop négligé son histoire, qui est si belle et si noble ; c'est qu'elle semble avoir hâte de rompre elle- même les liens de parenté qui l'unissent aux provinces voisi- nes. Eh ! de quel droit une mère qui renierait ses enfants viendrait-elle ensuite réclamer d'eux respect et déférence . Craignez-vous de conserver trop long-temps le peu de cen- tralisation qui vous reste; ne vous rappelez-vous plus de l'éternelle confraternité des Foréziens; n'ont-ils pas assez sou- vent mêlé leur sang au vôtre, comme pour prouver qu'il venait d'une mêrna source. Mais que je suis fou de vous rappeler ces choses là , à vous, le chroniqueur lyonnais, comme si vous n'en sentiez pas mieux que moi la portée. En troisième lieu, j'aurais désiré trouver dans le Dictionnaire de M. Breghot, une petite mention de l'Hôtel du Gouvernement qui existe encore, n'eut-elle pas été plus longue que la notice qui y est consacrée au Change, car c'est aussi un édifice public. Quant à moi, je lui portai toujours une grande vénération : c'est là que je débarquai dans votre ville pour la première fois, et je me doutais que c'avait été la demeure de nos gouverneurs du Lyonnais, Forez et Beaujolais. J'étudiai ses appartements, ses escaliers, ses trois issues, ses petites cours, ses apparte- ments cachés et ses moulures en pierre ; et depuis, à chaque voyage que j'ai fait à Lyon, je suis toujours descendu à cet hôtel (il a conservé ce nom un peu fastueux peut-être pour une modeste hôtellerie ), en dépit des incommodités du lieu et du service. C'est que, nulle part ailleurs, je n'aurais été aussi bien pour penser à l'histoire. Nos Monlbrisonnais, qui presque tous descendent aussi là , ne s'inquiètent guère s'ils couchent dans les salles où brillait jadis la sémillante cour du duc de Nemours. A. BERNARD jeune.