Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
232               CHRONIQUE D'AOUT      190O

réserves ont eu lieu le même jour, 26 août, et c'est avec
une satisfaction non dissimulée que les chefs ont vu leurs
soldats d'occasion endosser avec fierté l'uniforme et, sac au
dos, partir d'un pied alerte aux manoeuvres. Souhaitons-leur
un mois de septembre plus accueillant que son prédécesseur
le mois d'août; celui-ci, en effet, ne s'est signalé que par les
chaleurs accablantes et des orages dévastateurs. La grêle a fait
rage et il a fallu toute l'artillerie de nos vignerons pour
préserver du fléau la plupart de nos vignobles du Beaujolais,
tandis que les torrents de pluie ravinaient les côtes et cau-
saient d'inestimables dégâts, à Condrieu, à l'Arbresle, dans
beaucoup d'autres communes encore.
   Cependant, sans se décourager, les vignerons continuaient
leurs labeurs et le Comice agricole de Lyon, à Limonest, ainsi
que le Comice du Haut-Beaujolais, à Poule, récompensaient,
comme ils le méritaient, le 26 août, nos agriculteurs et nos
horticulteurs, qui, le 19 août, nous avaient montré à Ecully
de si beaux spécimens de leurs produits aux riches couleurs.
   Comme ces fêtes de la campagne nous reposent des bruits
absorbants de la politique ! Faut-il reparler encore de l'atten-
tat contre le Shah de Perse, commis en pleine Exposition
par un anarchiste, Saison ou Salsou, qui occupa longtemps
la police de Lyon? Saison, Caserio! Il sera donc écrit que
Lyon aura toujours sa part de triste notorité dans tous ces
forfaits! Dernièrement, un journal italien, à l'occasion du
meurtre du roi Humbert, nous contait qu'aux portes de
Florence, de Pise et de Livourne, on entendait parfois, à
la nuit tombante, les paysans regagner leur demeure, en
chantant, sur un air traînant de mélopée, une complainte
en l'honneur de Caserio, le triste héros du drame de l'Expo-
sition de Lyon : « Le ultime Ore e la Decapitaxjone di santo
Caserio ». Je vous fais grâce des couplets de la complainte