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CHRONIQUE D'AOUT I9OO 233 qui se termine en traitant la France de « nation tyrannique et sans cœur ». C'est le général Zédé, gouverneur de Lyon, qui représen- tait cette nation sans cœur, la France, aux funérailles du roi d'Italie. Il rentrait assez tôt dans son pays, pour saluer, le n septembre, à Marseille, M. Loubet, qui allait remettre, les drapeaux au corps expéditionnaire, partant pour la Chine, où ira rejoindre notre compatriote, le lieutenant-colonel Marchand. Ah ! cette maudite politique, quelle langue acérée n'a- t-elle pas pour piquer tout ce qu'elle touche ! Ne s'est-elle pas réveillée, malgré les chaleurs, pour s'attaquer à ce pau- vre Barodet, une des figures lyonnaises les plus originales du 4 septembre à Lyon ! Certes, Barodet ne sera pas un de ces mortels privilégiés qui laisseront dans l'histoire une empreinte ineffaçable. Il fut grand homme tout d'un coup. Le 4 septembre l'avait fait connaître, le 27 avril 1873 fit de l'instituteur déclassé un député de Paris; puis l'étoile du maître d'école pâlit et s'éteint. Aujourd'hui ce n'est plus qu'une épave, comme ce Vincent Berard trouvé mort, le 6 août, sur la route de Saint-Martin au Cheylard(Ardèche), et qui vivait misérablement d'aumônes dans les environs de Saint-Jean-Roure. Cet individu avait eu à Lyon une situation brillante dans la politique ; puis, de chute en chute, il était tombé dans la misère la plus noire. On trouva dans ses poches une carte d'électeur avec la date de 1876, un vieux volume poisseux du Génie du Christianisme, une petite Imitation de Jésus-Christ, deux lettres datées de Lyon, l'une de 1854, l'autre de 1861, un chapelet, un couteau et une photographie, souvenirs qui devaient être chers à ce malheureux déclassé et délaissé. Et encore cette autre épave de la politique, ce malheu-