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            AU COMMENCEMENT DU XVIIIe SIECLE                 405

cette éclipse de la foi religieuse, réduite à des querelles et à
des chicanes, que nous notions plus haut, l'esprit d'obser-
vation scientifique naît et envahit tout. Le siècle précédent
avait fait de la science théorique, mais, suivant le mot
fameux de Malebranche, sans approuver ceux qui s'occu-
paient à observer des moucherons. Le xvm e siècle renon-
cera aux spéculations abstraites, observera les moucherons,
disséquera les grenouilles, et créera l'expression étrange,
mais si caractéristique de philosophie expérimentale.
   Ni l'Académie de Lyon, ni MM. Dugas et de Saint-Fonds
n'échapperont à la mode nouvelle. M. Pestalozzi entretient
la docte assemblée des odeurs et du sens de l'odorat.
M. Bon, premier président de la Cour des Aides et Chambres
des comptes de Montpellier, est cité par M. Dugas avec
admiration comme bon physicien « jusqu'à'faire des dis-
sections de cadavres de sa main.» Nos deux amis emportent
à la campagne les publications des savants; quelques
années plus tard, ils auront peut-être chez eux une chambre
de merveilles.
   Mais, même en s'abandonnant à ces nouveautés, ils restent
fidèles à l'esprit du siècle précédent. Us voient dans la science
une volupté dangereuse, presque païenne, et se demandent,
avec effroi, si des recherches curieuses rendent les hommes
meilleurs, et s'il ne vaudrait pas mieux ne rien savoir et
être un pieux ignorant. M. de Saint-Fonds ne met sa cons-
cience en repos que par la considération de ses devoirs de
magistrat qui lui font une obligation de l'étude. Encore
tourne-t-il ses longues heures de méditation et de lecture
vers des pensées chrétiennes qui ne nous sont plus familières.
Si, dans ses vacances de 1712, il a emporté à Saint-Fonds,
hébreu, grec, latin, français, espagnol, italien, droit, belles-
lettres, philosophie, toutes ces langues et tous ces in-folio