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172                   LE SALON DE PARIS

perdre cette manière mesquine avec laquelle elles traitaient
autrefois les Å“uvres d'art.
   Cependant, en présence de l'étonnante fécondité des
artistes de notre temps qui accumule les peintures et les
sculptures, en face de la nécessité de ne vendre, que ce qui
est à la mode, il est, pour elles, un grave péril que nous
devons leur signaler.
   A force de voir certains genres de succès des hommes, il
est à craindre que, perdant leur originalité native, ne don-
nant plus de notes personnelles, négligeant le dessin,
prenant le goût du frou-frou et de la gravure de modes,
elles ne finissent par se ressembler toutes.
   On sait qu'il y a seize ans, une éminente statuaire,
auteur de la jolie statue qui est encore au musée du Luxem-
bourg, Psyché, Mme Léon BERTAUX fonda Y Union des femmes
artistes peintres et sculpteurs; le but, lequel a été atteint grâce
à sa ténacité, était d'ouvrir des expositions où les femmes
pourraient montrer ce dont elles étaient capables; la quin-
zième exposition s'est fermée le 20 février dernier.
   Aussi à ce commencement de l'année, à ce moment où
les cartes et où les lettres annoncent sans cesse l'ouverture
d'expositions nouvelles, ce salon, ce petit salon si l'on veut,
mais qui est bien véritable puisqu'il renferme un millier
d'oeuvres, a été un événement important qui n'a laissé per-
sonne indifférent à Paris et que Lyon ne saurait ignorer
puisqu'il y a fait des envois sérieux et d'une force remar-
quable.
   De prime abord ce salon présente un aspect gracieux,
coquet et féminin, comme de juste, où surtout le goût
particulier des femmes pour les fleurs se retrouve par de
charmantes créations. Ce sont des masses, des gerbes, des
bouquets qui égaient le visiteur et suspendent son jugement.