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380              NOTICE SUR M. D'AIGUEPERSE.

figuré avec éclat sous l'ancienne monarchie. Il observait
attentivement cette société, un peu mêlée sans doute, mais
où il y avait de nobles éléments et de beaux caractères, et
il y puisa ces idées élevées, ces manières polies et ce ton
 de gentilhomme qu'il montrait dans ses relations habituelles
et dont on retrouve des nuances jusque dans son style.
    11 fut en droit ce qu'il avait été en littérature, un élève
du meilleur esprit et extrêmement avide d'apprendre. Un
homme qui brilla plus tard avec éclat dans le rang le plus
élevé de la magistrature, M. Bellard, alors simple avocat,
avait fondé des conférences pour les élèves jaloux de pro-
gresser dans la science. Ces conférences se tenaient dans
sa maison, a jours fixes et sous la présidence de M. Bellard
lui-même, qui exerçait ainsi les jeunes gens a discuter et à
résoudre les questions ardues de la jurisprudence. La séance
se terminait par une leçon où cet habile jurisconsulte prenait
la peine de montrer à chacun en quoi il s'était trompé. Puis,
il retenait a dîner ceux qui s'étaient le plus distingués dans
la conférence. M. d'Aigueperse mettait au nombre des gloires
de sa jeunesse d'avoir été quelquefois admis parrnis ces
heureux convives.
   Le cours de droit achevé, M. d'Aigueperse entra dans
l'étude d'un avoué, M. Vallon, et en devint bien vite le
premier clerc. Nous devons citer ici un trait qui se rattache
à cette époque de sa vie et qui montre toute la bonté de
son cœur et la noblesse de son caractère. Un jour Madame
d'Aigueperse reçut de son fils une lettre dans laquelle celui-ci
annonçait a sa mère qu'il renvoyait, par le retour du cour-
rier, sa pension de 1,800 francs que son père venait de
lui faire passer, en accompagnant ce renvoi de ces paroles :
« Mes appointements de clerc pouvant 'a l'avenir me suffire,
il est juste que cette pension que mon père a si généreu-
sement payé jusqu'ici, cesse enfin. » A ces mots que