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TRADUCTION DE LA 13« LETTRE DU TASSE. « On intéressera peut-être quelques curieux en leur com- muniquant cette traduction d'une lettre du Tasse, la 13e dans l'ordre chronologique de ses lettres conservées et qu'il écrivit au moment de suivre en France le cardinal Louis d'Esté, la laissant à Hercule Rondinelli comme l'ex- pression de ses dernières volontés dans le cas où il vien- drait à mourir dans ce voyage. C'était en 1570. Le Tasse avait alors 26 ans. A Hercule Rondinelli, à Ferrare. MEMORIA. « Comme la vie est fragile, s'il plaisait au Seigneur Dieu de disposer en quelque manière de la mienne dans ce voyage de France, je prie le signor Hercule Rondinelli de se charger de mes affaires. Et d'abord, pour ce qui regarde mes compositions, je lui lègue le soin de recueillir mes sonnets d'amour, mes madrigaux, et de leur faire voir le jour ; désirant que mes autres poésies amoureuses ou sur tout autre sujet que j'aie pu traiter pour être agréable à mes amis, soient ensevelies avec moi. J'en excepte seulement celle-ci : « Or che Vaura mia dolce altrova « spira (1). » Je tiendrais également à ce qu'on publiât le discours que je prononçai à Ferrar- lors de l'érection de l'Académie, et 4 livres du poème héroïque ; les six derniers chants de Godefroi (2), et les moins mauvaises stances des deux premiers : pourvu néanmoins qu'auparavant le signor cardinal Scipion Gonzague, le signor Dominique Veniero et le signor Baptiste Guarino veulent bien revoir (1) « A présent que la douce brise de ma vie respire ailleurs. » — On la croit faite pour Laure Pcrpera. (2) La Jérusalem, ainsi appelée d'abord par le Tasse.