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DE L'EXCLUSIVISME EN ARCHÉOLOGIE. 477 C'est avouer d'une manière explicite le stérile travail au- quel se condamne, de propos délibéré, le copiste par nature et par tempérament ; c'est aussi donner à entendre que l'in- telligence y subit le supplice d'Ixion attaché à sa roue, et tournant sans cesse dans le vide, sans espoir d'arriver jamais à aucun but. Au reste, tout aussi bien que nous, certainement, les arlistesd'un esprit élevé doivent s'apercevoir que le style ogival a plutôt perdu que gagné en se popularisant, car il est tombé dans les mains du mercantilisme industriel qui l'a dénaturé et avili, en le faisant descendre à des objets du plus vulgaire usage. En architecture, il tend à se stéréotyper sur le caractère de telle ou telle époque du moyen âge, qui est le plus en vogue suivant les circonstances, et se reproduit comme au pon- cif et à l'emporte-pièce. Nous en trouvons la preuve dans cette quantité d'églises rurales qui s'élèvent, de tous côtés,avec la fécondité merveilleuse du champignon, et dans la plupart desquelles les façades semblent décalquées les unes sur les autres, avec une désespérante uniformité. Nous voyons là l'indice d'une prochaine décadence de l'art ogival, si déjà nous n'y sommes arrivés. C'est un avis signi- fic.'ï'if dont les artistes de talent doivent tenir compte; c'est une pressante invitation qui leur est faite de sortir de l'or- nière du plagiat et de s'élever au-dessus des intelligences vulgaires, s'ils ne veulent voir leurs propres œuvres com- promises et assimilées à ce gothique de mauvais aloi dont nous sommes déjà inondés. Au reste, le véritable génie ne peut se contenter de celte grossière pâture du pastiche ; il a de plus nobles aspirations, des instincls plus relevés; son infatigable activité le porte à butiner sans cesse parmi les richesses intellectuelles des civi- lisations qui nous ont précédés ; et là il cherche à se eom-