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88                   MERLIN MELLOT.

     En trottinant, tant il avait de hâte,
     Battant d'ici, battant de la, pan! pis!
     Pauvre baudet, l'un de mes bons amis,
     Un animal fait de si bonne pâte,
     Jean Patissot rentrait a son logis.

     Le fils du duc, a la jeune personne,
     Les deux genoux en terre, chapeau bas,
     Venait offrir, vaincu par ses appas,
     Son cœur, sa main, son nom et sa couronne ;
     Et la fillette en secret l'observait,
     Faisant semblant de refuser la chose,
     Hésite, geint, certain air se compose,
     Une figure où l'autre ne pouvait
     Lire l'envie au fond qu'elle en avait.

     Les trente jours se terminaient a peine,
     Le jeune duc ayant donné sa foi
     Était déjà grugé par la baleine
     Et s'y trouvait aussi content qu'un Roi.

     L'âne toujours pâtissant de détresse
     Se sentait peu que sa jeune maîtresse,
     Grâce a Merlin, il ne savait pourquoi,
     Ou fût ou non Madame la duchesse.

     Les mois marchaient, l'on vint au bout de l'an.

     — Irai-je ou non voir Merlin ? se dit Jean.
     J'ai prou de bien, ma fille est mariée,
     Mon fils évêque, et ma race alliée
     Aux plus grands noms. Allons-y pour chercher
     Quelques lambeaux qu'on lui puisse arracher.
     Puis j'ai dans l'âme une pensée intime ;
     Merlin, sans doute, ayant besoin de moi,