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                       TRAITRE OU HÉROS ?                     1)9

   Elle retomba entre les deux hommes, à peu de dislance
des armes.
   Tous les deux s'en approchèrent, d'un pas égal et sans
précipitation; ils se baissèrent et l'examinèrent ensemble.
   Elle présentait l'image de saint Paul.
   Le bandit appartenait au chevau-léger.
   Ce dernier s'approcha de la pierre, y prit le fusil, se cei-
gnit de la cartouchière par dessous sa robe de pèlerin, y passa
le poignard d'un côté et le pistolet de l'autre.
   Ephisio, pendant ce temps, était resté impassible comme
une statue. Quand il vit Uiloa complètement armé, il alla à
lui, les mains rapprochées l'une de l'autre, prêtes à être
liées et les lui tendit à cet effet.
  — « Je ne le lierai pas, dit Ulloa avec calme, j'ai ta
parole. »
  Ephisio le regarda en silence.
   — « Ulloa, répondit-il, après être resté quelques instants
méditatif, le mot que tu viens de prononcer efface tout autre
souvenir entre nous el n'y laisse plus de ma part que le
pardon et l'oubli. Tu crois à ma parole, et lu y crois au
péril de ta vie !... Tu as raison. Mais je ne t'en dis pas moins
merci ! Et Dieu puisse t'en bénir et l'absoudre un jour de
toute dette envers lui comme je t'absous dès celui-ci de
toute dette envers moi. »
   La noble nature du pauvre bandit comprenait instinctive-
ment que croire à l'honneur d'un homme qui l'a perdu c'est
le lui rendre; c'est le replacer au niveau de ceux dont il
avait cessé d'être le pair, c'est le ressusciter à la vie sociale.
11 lui sembla, en un mol, que sa réhabilitation tout entière
était dans la phrase bénie que venait de lui adresser Ulloa.
   — « Frère, lui dit-il, tu n'as pas voulu lier mes mains, tu
as lié mon cœur. I! est à toi comme mon corps ; s'il ne fut