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                 HÔTEL DE LUXEMBOURG, A VA1SE.                  41

leur existence, l'un de ces fours appartenait au propriétaire du
susdit hôtel de Luxembourg.
   Il peut paraître étonnant que les chevaliers de l'arquebuse de
Luxembourg eussent choisi pour leurs exercices et leurs plaisirs
un emplacement exposé au désagrément d'un pareil voisinage.
Ces fours à chaux fonctionnaient depuis une époque très-reculée,
puisqu'un poète du XVIe siècle, Maurice Scève, en parle dans un
recueil imprimé en 1544. Il compare son cœur tristement amou-
reux à la fournaise fuligineuse qui obscurcissait l'air du quar-
tier de Vaise :
         Pour être l'air tout offusqué do nues
         Ne provient point du temps caligineux ;
         Et veoir ici ténèbres continues
         N'est procédé d'automne bruymeux.
         Mais pour autant que tes yeux ruyneux
         Ont démoli le fort de tous mes aises,
         Comme au fâuxbourg les fumantes fornaise»
         Rendent obscurs les circonvois'ms lieux,
         Le feu ardent do mes si grands mésaises
         Par mes soupirs oblénèbre les cieulx.
         En ce fâuxbourg cette ardente fornaise
         N'eslève point si haut sa forte alaine,
         Que mes soupirs respandent à leur aise
         Leur grand' fumée en l'air qui se pourmeine.

                     (Arch. hist. du Rhône, t. 9, p- 436).

   Maurice Scève, ou Sève, poète des plus illustres de son vivant,
et qui faisait école, ami d'Etienne Dolet et de Clément Marot,
naquit dans les premières années du XVIe siècle et mourut vers
1560 ou 1564. Les lamentations dont je viens de donner un
échantillon me semblent aussi ennuyeuses que les sonnets de
Pétrarque en l'honneur de Laure. Au reste, le souvenir de ces
deux amants a pu influer sur les compositions de Maurice Scève ;
car, se trouvant à Avignon en 1533, il contribua à la découverte
d'un tombeau qu'on a cru être celui de Laure, dans la chapelle
de Sainte-Croix, au couvent des Cordeliers, en présence de
François I e '. Il se créa peut-être une Laure imaginaire, dans la