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                          BIBLIOGRAPHIE.                       527

 pourrait citer, sur ce sujet, des pages de Turgot qui sont magni-
 fiques. Les économistes ont même rendu, au dix-huitième siècle^
 un très-grand service en l'arrachant à des spéculations oiseuses,
 où il faisait fausse route, et en lui inspirant le goût des recher-
 ches utiles et applicables. 11 y a, dans ce siècle, deux moitiés
 que l'on est habitué à confondre, à grand tort suivant moi ; car la
 seconde ressemble peu à la première. La première a beaucoup
 détruit; la seconde a commencé à reconstruire. Or, c'est aux
 économistes qu'il faut attribuer, en première ligne, l'honneur
 de cette reconstitution.
    Je suis convaincu encore, c'est là, au fond, le fait essentiel
 que, si l'économie politique a eu, en moins d'un siècle, la plus
 rapide de toutes les fortunes, si elle est devenue aujourd'hui la
 science fondamentale du gouvernement, des corps politiques ou
 administratifs, si elle a obligé la presse de chaque jour à parler
 sa langue et à discuter ses doctrines, elle n'a pu le faire qu'à
une condition, à la condition d'être en harmonie avec les idées
 et les tendances spiritualistes de notre temps, à la condition de
comprendre que, les intérêts matériels sont toujours gouvernés
par les intérêts d'un ordre supérieur, que l'âme doit toujours
être maîtresse du corps qu'elle anime.
   Toutefois, quelle que soit la force de ces considérations, il
suffit qu'il reste des malentendus, des préjugés dans quelques
esprits, pour que ces malentendus et tes préjugés soient abor-
dés de front, une fois pour toutes, et qu'on en finisse avec eux.
L'économie politique est-elle en opposition avec le spiritualisme
en philosophie et en morale? Ne le suppose-t-elle pas, au
contraire, de la manière la plus complète? Telle est la question.
Il est bien clair que je parle ici de la science pure, et qu'il
serait absurde de la rendre responsable de tout ce qui se dit ou
s'écrit en son nom. Si l'on me citait Proudhon comme un
économiste, parce qu'il a soutenu de monstrueuses hérésies en
économie politique, j'aurais tout autant de motifs de le citer
comme un théologien ou un moraliste, parce qu'il a prétendu
traiter des questions de morale ou de théologie.
  M. Rondelet a donc eu la plus grande raison de vouloir