Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        A M. AUGUSTE BERNARD.                            263
exposé ci-dessus, la divinité se. serait à plus juste titre nommée
Augustale, numen Augustale, car l'adjectif Auguslus ne laisse
qu'une idée de grandeur, de majesté. Ici Aug. ne peut être que
substantif et il l'est en effet. Cela est démontré par les inscrip-
tions où on lit en toutes lettres : Numini Augusti,        numinibus
Augustorum, à la divinité d'Auguste, aux divinités des Augustes ;
d'où il suit qu'il ne faut pas y voir la qualification d'impériale
donnée à telle ou telle divinité ; mais une divinité distincte qui
ne peut être que la personne ou le génie de l'empereur indiqué
par les mots numini ou numinibus Aug. C'est le sens que j'ai
opposé ; il n'y a pas de subtilité.
   Il est hors de doute que le culte des empereurs commença du
temps même d'Auguste, et se continua pendant de longues an-
nées. Ce fait est démontré 1° par la consécration à Lyon de l'au-
tel d'Auguste et les inscriptions élevées en l'honneur des prêtres
de cet autel, sacerdotes ad aram Romœ et Augustorum ; 2° par la
formule domus divinœ qu'on lit sur plusieurs tauroboles , et qui
désigne la famille impériale ; 3° par les textes formels d'auteurs
latins et de plusieurs Pères des premiers siècles .(1).
   La formule Numini Augusti, Numinibus Augustorum, est
tantôt seule, NVMINIBVS AVGVSTORVM L. FAENIVS RVFVS. Tantôt
suivie ou précédée d'un nom de divinité. Si son emploi avait eu
pour but de rappeler le contrôle impérial, on la rencontrerait
toujours jointe au nom qu'elle aurait dû qualifier et de plus
au même nombre que lui. Ainsi au lieu de i.o.M NVMINIBVS AVG.,
on aurait dû lire NVMINI AVG. car il n'y a pas de rapport entre
Jovi e t numinibus. Donc encore une fois il faut admettre une
divinité distincte. Voici deux inscriptions où la présence de la
conjonction et fait disparaître toute ambiguité.
         I . O . M . E T . N.                 NVMINI A . . .
              AV'GT                                            (SPO*. 88). .
               VSLM                        ET IOVI OPTIMQ
  A Jupiter, très-grand très-bon el à   A la divinité d'Auguste et Jupiter
       la divinité à'Auguste.                       très-bon.
   Dans la seconde, le noni de Jupiter est précédé d'un autre nom
qui ne peut appartenir aux dieux d'un ordre inférieur. Or d'après
les témoignages les plus irrécusables, un seul dieu passait avant
Jupiter, c'était le dieu-empereur. Je veux aller plus loin, et four-
nir des arguments à M. Bernard pour lui montrer une fois de plus
qu'on peut n'être pas de son avis, et cependant avoir raison.
Lorsque le mot Augustus devient qualificatif il prend la dési-
nence de l'adjectif et se met après le nom qu'il qualifie; en
voici de nombreux exemples :

  (1) Saint Augustin, Tcrlullien, Octav. xxix.