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328                       BIBLIOGRAPHIE.

établir les rapports nécessaires de la science économique avec la
philosophie morale. L'Institut qui avait mis la question au con-
cours, a jugé son ouvrage digne d'une médaille; les qualités
solides qu'on y rencontre, justifient, en effet, cette importante
distinction.
   L'auteur pouvait s'y prendre de plusieurs manières, pour le,
soutien de sa thèse éminemment spiritualiste. Il pouvait, en
tenant un'grand compte de certaines préventions, qui régnent
encore aujourd'hui, prendre à parti ses adversaires, discuter
leurs appréhensions, leurs erreurs, leurs arguments, s'ils en ont
de réels et de sérieux. Il pouvait encore séparer sa cause de
celle des matérialistes volontaires ou involontaires, qui sont aux
économistes vrais, ce que sont les hérétiques aux orthodoxes.
J'imagine même qu'un livre conçu sur ce plan, écrit avec du bon
sens et de l'esprit, eût été fécond en détails piquants et instruc-
tifs. M. Rondelet, qui est professeur de philosophie, a eu une
plus haute ambition, il a voulu aller au fond des choses et établir
sa thèse spiritualiste d'une manière dogmatique. Il s'est attaqué
directement aux problèmes de la production, de l'échange, de la
consommation, de l'impôt ; il en a fait une revue générale et une
analyse approfondie, et partout il a montré la question purement
matérielle compliquée d'une question morale qui la domine. Les
bornes d'un court article ne permettent pas de discuter la
valeur de ses procédés de démonstration ou des arguments dont
il se sert, mais après la lecture de son livre, on peut affirmer
que le fait de la subordination légitime et nécessaire de l'économie
politique aux lois de la philosophie spitualiste et chrétienne ne
saurait plus être méconnu.
   Des économistes éminents, qui ont donné leurs suffrages à
l'auteur, ont trouvé qu'il faisait quelquefois de trop grandes
concessions à ses adversaires, et qu'en subordonnant l'économie
politique à la philosophie; il en restreignait le champ outre mesure.
Je serais assez de cet avis. Cependant si ces deux sciences ont des
rapports nécessaires et bien établis, la question de délimiter leurs
frontières perd beaucoup de son importance. Une critique plus
générale à faire à M. Rondelet, c'est d'avoir l'exagération de