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                          BIBLIOGRAPHIE.                          73
 partout. Dans la maison où je m'arrêtai pour voir cette proces-
 sion , les salles étaient tendues de damas cramoisi et or, et les
 fenêtres bouchées en dix ou douze endroits avec du papier. A
 dîner, ils vous donnent trois services, mais un tiers des mets est
assaisonné de salade, de beurre, de pâtes soufflées et autres mau-
vais plats. Les Allemands seuls portent de riches vêtements , et
leurs voitures seraient assez éclatantes pour servir aux noces de
l'Amour et de Psyché. Vous ririez beaucoup de leurs enseignes :
les unes sont à l'Y, d'autres ont la toilette de Vénus , d'autres le
Chat qui tette. Vous ne devineriez pas aisément leurs idées sur
l'honneur : par exemple, il est honteux pour un gentilhomme
de ne pas être dans les armées ou au service du roi, comme
il disent , et ils ne trouvent rien de déshonorant à tenir
des maisons de jeu publiques ; il y a au moins cent cinquante
personnes du premier rang dans Paris qui vivent de cela. Vous
pouvez aller dans leurs maisons à toutes les heures de la nuit,
et vous y trouverez des jeux de hasard tels que pharaon et
autres. Ceux qui gardaient les tables de dé du duc de Gesvres,lui
payaient douze guinées par nuit pour le privilège. Les princesses
du sang, elles-mêmes , ont assez de bassesse pour prélever une
part sur les banques tenues dans leurs maisons. Nous avons vu
deux ou trois d'entre elles ; elles ne sont pas jeunes, et n'ont de
remarquable qu'une couche de rouge plus épaisse que celle des
autres femmes , quoique toutes en usent d'une manière extra-
vagante.
   Le temps est si mauvais, que nous n'avons encore fait aucune
promenade à Versailles ni dans les environs, ni même dans le
jardin des Tuileries ; nous avons d'ailleurs vu toutes les mer-
veilles de Paris, et elles sont nombreuses. Leurs édifices surpas-
sent de beaucoup les nôtres pour le nombre et la magnificence.
Les tombes de Richelieu et de Mazarin à la Sorbonne, le Collège des
Quatre Nations sont admirablement beaux, surtout les premières.
Le peuple se montre généralement bienveillant pour les étran-
gers, surtout pour ceux qui débutent et ne parlent pas couram-
ment. Il y ici beaucoup d'Anglais. Lord Holderness, Conway et
M. Vernon de Cambridge ont traversé Paris la semaine dernière.