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                       A M. AUGUSTE BKKNAKB.                      269

connaissance de cause c'était, une atteinte à la loyauté et à la dé-
licatesse. Nous avons changé tout cela, disait Sganarelle ; M. Ber-
nard est allé plus loin, car on parle de circulaires autographes
adressées à de nombreux correspondants pour les dissuader de
souscrire à Y Histoire des comtes de Forez et des ducs de Bourbon.
J'ai peine à le croire, et si c'est un des procédés mis en usage
par M. Bernard, je ne l'en félicite pas. Mais quel intérêt peut-il
avoir à entraver la publication de ce manuscrit? On dirait que
cet écrivain est le Christophe-Colomb de notre histoire provin-
ciale, qu'il a frappé d'un droit prohibitif tout ce qui n'émane
pas de sa plume et que personne ne peut mettre le pied sur
les terres du Lyonnais, Forez et Beaujolais. En disant cela je
ne fais pas une supposition arbitraire. Voici les paroles de M. Ber-
nard : « Au reste, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir, s'il
est vrai qu'on imprime un de ces manuscrits, ce dont les éditeurs
n'ont pas jugé à propos de me faire part malgré l'intérêt que je lui
porte. » L'intérêt qu'on lui porte, c'est de l'empêcher de voir le
jour. Au reste, nous pouvons nous édifier sur les sentiments de
M. Bernard à l'égard de La Mure :
    Ohl de La Mure, toi surtout        Dans mon admiration juvé-
m'as fournis de riches docu- nile je lui ai trop emprunté
ments, sans toi il n'aurait pas jadis, croyant que ce livre était
été possible de traiter l'histoire pour nous la loi et les prophè-
de nos pays. Reçois ici l'encens tes. La vérité est que notre bon
d'un fils dévoué (Hist. du Forez chanoine n'entendait rien à
t. 1 Préf. )                        1'hisloire antérieure au XVI e
   J'ai déposé dans la biblio- siècle,
thèque deMontbrison les riches         En réalité hors les actes qu'il
manuscrits de La Mure, mine nous a conservés, son Histoire
inépuisable dans laquelle aussi des comtes de Forez le moins
j'ai puisé sans mesure, (id)        précieux de ses manuscrits , à
   De tous les manuscrits dé- mon avis , me semble peu
couverts à Auxerre la pièce la important etc.
plus curieuse est l'ouvrage inti- (Revue du Lyonnais , février
tulé : Histoire des ducs de 1859.)
Bourbon et des comtes de
Forez. ( Hist. du Forez t. 2
p. 60. )
   Que dirait le bon chanoine en entendant les propos ingrats de
celui qui s'est assimilé sa substance, qui vit de sa propre vie ; car
bien que M. Bernard nous donne comme un péché de jeunesse les
emprunts qu'il a faits à La Mure, la vérité est que l'habitude le lui
a fait contracter dans son âge viril ; on n'a qu'à ouvrir, pour s'en
convaincre, les d'Urfés, la Généalogie des sires de Beaujeu publiée
dans la Revue de la noblesse, la Notice sur l'abbaye d'Ainay etç,
et si jamais l'éditeur des Ducs de Bourbon prend la fantaisie de
donner le bilan des emprunts secrets de M. Bernard, on verra
que ses dédains affectés pour le vieil historien du Forez, ne sont