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248             EMPLOI DES BIENS ECCLÉSIASTIQUES

930(1). Donnant une terre a Saint-Vincent elle s'en réserve
la jouissance viagère. Après sa mort, elle deviendra la pro-
priété des Chanoines qui pourront la traiter comme ils
voudront, à condition qu'ils n'auront jamais la témérité de
la vendre, ou aliéner en faveur de telle puissance laïque
que ce soit. Clause remarquable, nous le répétons, et qui
manifeste autant la haute intelligence de Suzanne, qu'elle fait
honneur à sa piété. Théotbert son mari, dans la charte 330,
avait poussé plus loin encore la susceptibilité. Après avoir
formulé la même clause, il charge expressément son fils
Udolric de veiller à son accomplissement. Guichard., dans la
charte 333, dévoue a la colère de Dieu ceux qui contrevien-
dront à ses volontés a cet égard ; il veut qu'ils soient con-
damnés à payer deux livres d'or. Le Comte de Mâcon
Létalde, fils d'Albéric de Narbonne, aspirant comme à un
insigne honneur a devenir vassal du glorieux martyr saint
Vincent, reçoit à ce titre une Eglise et une terre de l'Evêque
 Bernon. Mais il est saisi d'un pieux scrupule et ne se croirait
 pas exempt de péché, lui laïc, s'il n'indemnisait l'Eglise de
 Mâcon par de magnifiques donations énumérées dans la
 charte 496. (2)
   Nous ferons observer que toutes ces chartes, et celles
de notre cartulaire qui contiennent des clauses analogues,
appartiennent à la lremoitié du Xe siècle. Il nous est impossible
de n'y point reconnaître les traces de l'influence émancipa-
trice du grand Monastère de Cluny. Théotbert et Suzanne,
Guichard et Létalde ont été inspirés, nous n'en doutons pas,
par l'exemple récent du duc Guillaume le Pieux, et par le


  (1) Carta 234... « Tamcn ut nec vendcrc, nec alienaro prœsumant ad
« nullam laïcam potestalem. u — Voir aussi la ch. 241.
  (2) « Et ut libcriùset firmitcr nbUntvc quivcrct sine contagione peccali
« quià sanelaoranl iMa, et in oleemosyiui sancfo Vincflnlin fucrnnt collata.