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96 CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉPOPÉB, et qu'il exercerait sur vous un empire si profond et si irré- sistible? Assurément non. Si la Bible nous attache si forte- ment, c'est qu'elle nous représente au vif l'histoire d'un peuple qui a été en communication plus directe, ou du moins plus visible qu'aucun autre avec l'Éternel, dont la des- tinée commence au berceau même de l'humanité et ne doit finir qu'avec elle, un peuple dont la religion a préparé la nôtre, et dans le sein duquel s'est accompli, il y a dix-huit siècles le plus mémorable événement qui ait changé la face de la terre. Avec ce livre aussi, nous pouvons pénétrer jusqu'à un certain point l'énigme de ce monde, le mystère de notre origine et celui du but où nous devons aboutir. Enfin ce livre est la plus vraie, la plus naïve et en même temps la plus profonde peinture de l'Orient qui existe. Quand j'ai exploré cette contrée célèbre, la Bible était toujours mon guide le plus sûr et mon interprète le plus fidèle. Avec la Bible, je comprenais sans peine l'Orient, et l'Orient, d'un autre côté, m'aidait à mieux comprendre le livre sacré. Ah ! pourrai-je surtout oublier jamais les heures délicieuses que j'ai souvent passées en Palestine à relire une a une les plus belles pages de l'ancien et du nouveau Testament ! Ces pages immortelles semblaient ranimer les débris et la pous- sière que je foulais et soulever un instant de leur tombe, où ils dorment ensevelis depuis de longs siècles , les cada- vres de tant de villes détruites. Leur mémoire du moins se dressait en quelque sorte devant ma pensée, et à mesure que je déplaçais ma tente, pour aller interroger d'autres ruines, d'autres souvenirs s'éveillaient soudain sous mes pas. Cette terre jadis si peuplée et si féconde en événements et en prodiges ne renferme en effet pas une pierre que l'on puisse frapper du pied sans en faire jaillir un éclair historique. En parcourant ainsi, la Bible à la main, les lieux dont elle parle, les ténèbres du passé s'illuminaient a mes yeux , et les