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dispute une palme à Ëros, réplique du même type que le monument con-
templé par Pausanias l dans le gymnase d'Élis ; tel sur un relief du palais
Colonna 2, où il court avec Ëros la course du flambeau ; tel sur une gemme 3
où il attache Éros au tronc d'un arbre, soit après l'avoir vaincu à la lutte
soit pour le punir de quelque méfait. Mais, sur tous les autres monuments S
et ils sont assez nombreux, qui nous montrent deux Éros aux prises, leurs
ailes sont pareilles. Ou bien donc la distinction conventionnelle fut négligée
avec le temps, ce qui est fort vraisemblable, ou bien ces figures sont, non
pas Ëros et Antéros, mais deux Ëros, mis en conflit, non par quelque anti-
pathie de nature, mais par le simple caprice d'un artiste. Le tableau princi-
pal de notre mosaïque étant l'un de ces monuments, le nom que chacun
donnera aux lutteurs dépendra du choix qu'il aura fait entre les deux hypo-
thèses.
      A supposer qu'ils soient Éros et Antéros, le sol romain de Vienne a-t-il
rendu un autre exemplaire de la même lutte, comme le pense M. Héron
de Villefosse ? 5 Ce serait le groupe, détruit dans l'incendie de la bibliothè-
que, mais connu par un moulage, des deux enfants qui se disputent une
colombe, oiseau de Vénus, présent usuel de l'éraste à l'éromène, de l'amant
à l'aimé. La conjecture est spécieuse, mais improbable. Selon toute vrai-
semblance, non seulement l'un de ces deux rivaux, qui n'ont pas d'ailes,
notons le bien, ne figure pas Antéros, mais tous deux figurent des enfants
quelconques 6.
                                                         Philippe FABIA.



      I . VI, 33,4. Passage connu d'Artaud, 1835, p. 58.
      2. Braun, 2, $a ; Baumeister,fig.541.
      3. Hinck, ouv. cité, p. 92, note 2.
     4. Cités plus haut, à part notre mosaïque.
      5. Gazette archéologique, 1878, p. 115, pi. XX. Dans ce même article, p. 110 et suiv., M. Héron de
Villefosse identifie avec Antéros l'un des Amours qui, selon lui, donnent à Vénus la représentation du retour
d'Adonis blessé après l'accident de chasse, sur la pyxis de Vaison (ibid. pi. XIX), et l'un de ceux qui figurent
sur la fresque pompéienne (Helbig, n° 340, pi. C ) d'Adonis mourant entre les bras de Vénus. Sur la pyxis de
 Vaison, Allmer (Bull, de la société départ, d'archéol. et de stat. de la Drôme, 1876, p. 300) avait cru recon-
naître l'issue de la lutte entre Éros, vainqueur, mais blessé à la jambe, et Antéros. La parité des ailes rend
toutes ces hypothèses très fragiles.
    6. C'est l'opinion de Millin, Voyage dans les départemens du midi de la France, II, p. 55.